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Égypte : un atelier d’embaumement révèle ses secrets

atelier momification
Crédit : Nikola Nevenov/Pixabay

La découverte d’un atelier d’embaumement de l’Égypte ancienne à Saqqarah permet aux chercheurs d’en apprendre davantage sur les recettes utilisées par les embaumeurs de l’époque pour conserver différentes parties du corps. Étonnamment, bon nombre des ingrédients impliqués dans le processus provenaient de régions éloignées du monde. Les détails de l’étude sont publiés dans Nature.

L’installation se situe près de la pyramide du roi Unas et aurait été utilisée entre 664 et 525 avant notre ère. À l’intérieur, les archéologues ont découvert plus d’une centaine de récipients, certains portant des instructions telles que « mettre sur la tête » et « bander ou embaumer avec« . D’autres étiquettes indiquaient simplement la nature du contenu.

Grâce à la chromatographie en phase gazeuse et à la spectrométrie de masse, les chercheurs ont également pu déterminer la composition chimique des résidus de 31 de ces récipients, révélant ainsi plusieurs ingrédients utilisés pour les différentes étapes du processus d’embaumement.

Des ingrédients bien précis

Certaines de ces substances étaient déjà connues, mais jusqu’à présent, toutes avaient été supposément identifiées grâce à des textes anciens. Ces analyses chimiques sont donc plus concrètes et montrent que les égyptologues ont fait parfois erreur. Par exemple, la substance appelée « antiu » était généralement traduite par « myrrhe » ou « encens ». Or, les résultats montrent ici qu’il s’agissait en réalité d’un mélange d’huile de cèdre, d’huile de genévrier/cyprès et de graisses animales.

Autre surprise, certains ingrédients venaient aussi de très loin. Ceux-ci comprenaient la résine de l’arbre élémi (Canarium luzonicum), originaire des Philippines, ou encore la résine de Pistacia, un genre de plantes à fleurs de la famille des noix de cajou que l’on retrouve dans certaines régions d’Afrique et d’Eurasie. D’autres substances comme l’huile d’olive et l’huile de cèdre auraient également été importées d’ailleurs en Méditerranée. Pour les auteurs, ces nouvelles découvertes donnent « un aperçu des systèmes de commerce et d’échange nécessaires pour gérer une industrie d’embaumement complète« .

Huit de ces récipients portaient des instructions pour embaumer la tête. Tous contenaient des mélanges de résine Pistacia, de graisse animale, de cire d’abeille et d’huile de ricin. Six autres pots contenaient des informations sur les substances utilisées pour laver les cadavres et réduire les odeurs, ainsi que des recettes pour traiter le foie et l’estomac. De manière générale, les embaumeurs utilisaient les substances pour leurs propriétés biochimiques spécifiques (antibactériennes, antifongiques et odoriférantes).

atelier d'embaumement
Illustration d’une scène d’embaumement avec un prêtre dans une chambre souterraine. Crédits : Nikola Nevenov

Les différentes étapes

Rappelons que dans la croyance de l’Égypte antique, la conservation du corps permettait d’accéder à l’immortalité. D’après le Papyrus Louvre-Carlsberg, un document de six mètres de long datant d’environ 1450 avant notre ère actuellement conservé au Musée du Louvre, l’ensemble du processus d’embaumement prenait environ soixante-dix jours. Nous savons aussi que les embaumeurs travaillaient activement sur la momie tous les quatre jours. Entre ces intervalles, le corps était recouvert de tissu et de paille infusée d’aromates pour éloigner les insectes.

Concernant les étapes pour procéder à cette momification, on commençait par une purification du corps. Durant ce processus, les principaux organes, les yeux et le cerveau du défunt étaient prélevés. On entamait ensuite la période de séchage de trente-cinq jours durant laquelle l’intérieur et l’extérieur du corps étaient traités avec du natron sec (une matière salée récoltée dans les lits des lacs asséchés). Une seconde période de trente-cinq jours était ensuite consacrée à l’enveloppement du corps dans des bandages et des substances aromatiques. Une fois cette étape du processus de momification terminée, la momie était finalement placée dans son sarcophage.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.