Utilisée notamment comme produit anesthésique et antidépresseur, la kétamine est aussi et surtout une drogue à usage récréatif. Récemment, une étude a permis de mieux comprendre ses effets sur le cerveau. Or, certains d’entre eux pourraient présenter un intérêt pour la santé.
Des changements structurels du système dopaminergique
Détournée à des fins récréatives depuis déjà plusieurs décennies pour ses fortes propriétés psychodysleptiques, la kétamine est présente aux quatre coins du globe, notamment dans les rave parties. Cette drogue a même dernièrement pris une certaine ampleur en France. Bien qu’elle soit assez bien comprise par la science, il est visiblement possible d’en apprendre davantage, comme en témoigne une étude publiée dans la revue Cell Reports le 4 décembre 2023.
Selon les chercheurs de l’Université de Columbia (États-Unis) à l’origine de ces travaux, de fréquentes prises de kétamine peuvent en effet générer des changements très significatifs au niveau du système dopaminergique du cerveau. Rappelons au passage que la dopamine est un neurotransmetteur que l’on surnomme souvent « hormone du plaisir ».
Dans le cadre de leurs recherches, les scientifiques ont cartographié trois fois le cerveau d’une souris à l’aide de l’imagerie à haute résolution. Or, l’animal avait reçu des doses de kétamine durant un, cinq et dix jours. Selon les résultats, de premiers changements structurels du système dopaminergique ont été observés après le dixième jour. D’après les chercheurs, l’usage de la kétamine peut donc avoir des conséquences graves sur le cerveau, mais pourrait paradoxalement également présenter des avantages pour la santé.

Tout dépend de la zone du cerveau concernée
Selon les scientifiques, les résultats de l’étude pourraient expliquer certains phénomènes. En augmentant le nombre de neurones dopaminergiques dans l’hypothalamus (la zone du cerveau qui régule le métabolisme), la kétamine aide les personnes souffrant de troubles de l’alimentation. Ces résultats peuvent aussi éventuellement permettre de mieux comprendre pourquoi la kétamine peut générer l’apparition de symptômes similaires à ceux de la schizophrénie en cas de consommation excessive.
Les chercheurs ont également précisé que la kétamine a pour effet de diminuer ou d’augmenter le nombre de neurones dopaminergiques. En réalité, tout dépend de la zone du cerveau concernée. Toutefois, le système dopaminergique est bel et bien en connexion avec l’ensemble du cerveau. Les auteurs pensent donc qu’un traitement intégrant de la kétamine et ciblant une zone précise du cerveau pourrait être utile en médecine, notamment dans le domaine de la santé mentale.
Si la nature des possibles traitements reste encore assez floue, plusieurs études sont en cours afin de mettre au point des techniques d’administration ciblée.
