Une étude révèle que vous pouvez obtenir de meilleurs résultats sportifs si vous pensez que le programme de formation que vous suivez a été conçu spécialement pour vous. Il s’agirait d’un phénomène très comparable au célèbre effet placebo observé en médecine. Les détails de ces travaux sont publiés dans la revue Scientific Reports.
Qu’est-ce que l’effet placebo ?
L’effet placebo est un phénomène dans lequel une substance ou une intervention thérapeutique sans aucun ingrédient actif peut avoir un effet bénéfique sur la santé ou les symptômes d’une personne simplement parce qu’elle croit qu’elle va avoir un effet positif. C’est un exemple de l’influence de l’esprit sur le corps.
L’effet placebo est souvent utilisé dans les essais cliniques pour tester l’efficacité des médicaments. Les participants à l’étude sont alors divisés en deux groupes : un groupe reçoit le médicament en question, tandis que l’autre groupe reçoit un placebo. Les résultats sont ensuite comparés pour déterminer si le médicament est efficace ou non.
Notez que l’effet n’est pas limité aux essais cliniques. Il peut en effet également être observé dans la pratique clinique. Par exemple, vous êtes-vous déjà senti mieux après avoir pris du paracétamol pour soulager un mal de tête avant même que la pilule n’ait eu le temps d’agir ? Si oui, alors vous avez expérimenté l’effet placebo.
Qu’est-il dans le domaine sportif ?
Compte tenu de la prévalence de ce phénomène, des chercheurs ont exploré ce phénomène pendant près de 80 ans dans un large éventail de disciplines. Au cours des deux dernières décennies, la recherche en science du sport et de l’exercice s’est notamment intéressée au sujet. Des études ont notamment révélé que des compléments alimentaires placebo tels que la caféine, la créatine monohydratée, les glucides et même les stéroïdes anabolisants pouvaient avoir un impact majeur sur les performances sportives.
Nous savons également que l’efficacité des placebos peut varier selon la forme d’administration. Par exemple, il a été démontré que les interventions chirurgicales factices induisent de très forts effets placebo. Les injections présentent également des effets plus forts que la simple prise de pilules.
Revenons maintenant à notre étude. Un concept d’entraînement populaire récent dans le domaine des sciences du sport consiste à s’entraîner en fonction des profils « force-vitesse » individuels. Grossièrement, l’entraînement individualisé est théorisé pour fonctionner en changeant les profils force-vitesse des athlètes vers un profil optimal théorique. Les sportifs avec un profil axé sur la force, qui souffrent d’un déficit de vitesse, se voient alors prescrire un entraînement axé sur des exercices à haute vitesse, et inversement pour les autres. Ceux ayant un profil équilibré obtiennent quant à eux des prescriptions avec une combinaison équilibrée d’entraînement.
Ces sujets reçoivent un entraînement « individualisé » basé sur un test de performance. Ces tests sont généralement des « boîtes noires » pour les participants, ce qui en fait des configurations parfaites pour étudier l’effet placebo. Les participants peuvent en effet facilement être informés qu’ils reçoivent un entraînement optimal ou de contrôle sans savoir lequel est réellement fait pour eux.

Quel est l’effet des programmes personnalisés ?
Nous en savons actuellement très peu sur l’effet placebo potentiel lors de l’étude de différentes configurations d’entraînement. Dans le cadre d’une étude, une équipe dirigée par Kolbjørn Andreas Lindberg, de l’Université d’Agder (Norvège), a examiné ce phénomène d’un peu plus près.
Pour ce faire, les chercheurs ont recruté quarante personnes. Après une série de tests physiques en laboratoire, toutes ont reçu différents programmes de formation. Dans le groupe d’intervention constitué de la moitié des participants, ils ont été informés que le programme de formation qu’ils avaient reçu leur avait été spécialement adapté en fonction des tests effectués. Dans le groupe témoin, l’autre moitié n’a pas été informée.
Les participants ont tous reçu des programmes d’entraînement qui variaient en fonction du poids et du nombre de répétitions, mais en moyenne, les programmes des deux groupes étaient similaires. Après avoir terminé les huit à dix semaines de formation, tous les participants ont de nouveau été testés en laboratoire. Il s’est alors avéré que ceux qui pensaient avoir reçu un programme d’entraînement adapté individuellement obtenaient en moyenne de meilleurs résultats que le groupe témoin, et ce, même si les deux groupes avaient suivi en moyenne le même programme. Les différences les plus significatives entre les deux groupes concernaient le nombre de squats effectués et l’épaisseur générale des muscles.
Pour expliquer ces résultats, les chercheurs pensent que les participants qui pensaient suivre un programme personnel s’entraînaient probablement un peu plus et avec une intensité plus élevée. De nombreux petits facteurs pourraient cependant également affecter les performances.
