Nous connaissons tous la légende qui consiste à faire écouter de la musique classique à une femme enceinte ou à un bébé. Pourquoi faisons-nous cela ? D’où cela vient-il ? Y a-t-il un réel impact sur notre cerveau lorsque l’on écoute la musique de Mozart ? Et surtout, c’est quoi l’effet Mozart ?
Une première étude datant de 1993 évoque l’effet Mozart
Cette année-là, le professeur Frances H. Rauscher annonce une découverte incroyable. Il a découvert qu’en faisant écouter de la musique du célèbre compositeur à des gens, ceux-ci avaient eu une montée de quotient intellectuel de 8 à 9 points. Le morceau de musique classique écoutée était plus précisément la Sonate pour deux pianos K448. Albert Einstein était un grand fan de cette partie de l’œuvre du prodige, la considérant comme « l’une des compositions les plus profondes et des plus matures de Mozart ». Peut-être ressentait-il instinctivement l’effet Mozart ? Selon Rauscher, l’augmentation du quotient intellectuel était en tout cas localisée sur la partie du cerveau qui concerne le raisonnement spatial.

À quoi sert le raisonnement spatial ?
Le raisonnement spatial est donc l’une des compétences qui composent l’intelligence. Plus concrètement, le raisonnement spatial permet ceci :
- imaginer et visualiser des objets en deux ou trois dimensions
- modifier des objets dans sa tête
- différencier des objets les uns des autres
Des recherches et études ont démontré que le raisonnement spatial influençait aussi notre capacité à intégrer et à manipuler des données complexes comme des équations mathématiques. Enfin, ce type de raisonnement permet de transformer des concepts en idées concrètes.
En 2009, les chercheurs Jonathan Wai, David Lubinski et Camilla P. Benbow ont publié les résultats d’une étude menée sur des enfants. Ils ont été capables de prédire l’affinité et la réussite, ou non, de près de 400 000 enfants avec les matières scientifiques. Pour ce faire, ils se sont basés sur les scores de chaque enfant à des tests de raisonnement spatial. Les sujets ont été suivis pendant 11 ans afin d’apporter des données dans la durée.
Y a-t-il d’autres moyens de développer ses capacités en raisonnement spatial ?
Aujourd’hui, on constate que plusieurs domaines permettent l’accroissement du raisonnement spatial chez les enfants, et seraient en quelque sorte des déclencheurs de l’effet Mozart. On retrouve :
- l’informatique
- les jeux vidéos
- les casse-têtes
- les jeux de réflexion comme les échecs
- l’apprentissage de la musique classique

Le déroulement et les conclusions sur l’étude de Rauscher
L’expérience de Rauscher a été menée sur des personnes ayant entre 20 et 60 ans. Cependant, les gros titres américains de l’époque parlaient de : « college student », c’est-à-dire d’étudiants en Bac+2 pour nous. La mauvaise compréhension de certains est compréhensible étant donné la proximité avec le mot français « collège » ce qui correspondrait à des enfants beaucoup plus jeunes, mais certainement pas à un bébé.
Donc, la musique classique n’augmente pas vraiment les capacités cognitives d’une personne ou d’un bébé ?
Oui et non, l’effet Mozart énoncé par Rauscher ne dure en réalité que 10 à 15 minutes après l’écoute. Cela avait pourtant suffi à emballer la presse et la population, d’où la naissance du concept : « la musique classique rend les gens plus intelligents ». C’est aussi comme cela que l’on est arrivé à la conclusion que « faire écouter de la musique classique à un bébé le rend plus intelligent ».
Ensuite, certains chercheurs ont tenté de reproduire l’effet Mozart constaté par Rauscher et son équipe. Certains ont réussi, d’autres non. Cependant, ces variations s’expliquent par le degré de stress que pouvaient ressentir les divers cobayes lors des expériences. Le stress pourrait aussi bien avoir augmenté le quotient intellectuel des cobayes que bloqué les effets de la musique classique. Cela est laissé à l’interprétation de chacun.
Surtout, aucune expérience n’a jamais pu être concluante sur le sujet de la musique classique et des bébés, que cela soit de manière négative ou positive. En effet, le cerveau et l’intelligence d’un bébé n’ont rien de commun avec ceux d’un adulte, ainsi les différents tests ne sont pas applicables sur eux. Dans le même ordre d’idée, il n’existe pas d’étude démontrant l’effet Mozart sur le long terme.
Enfin, la culture américaine est basée sur la recherche du résultat, en tout cas beaucoup plus qu’en France. Ainsi, une « recette miracle » comme l’effet Mozart – qui rendrait les gens plus intelligents – avait fait un vrai boum à l’époque. Les articles de certains scientifiques ont fonctionné jusqu’à dix fois plus que leurs autres articles jusque-là. Ce succès explique les dérives qui ont pu naître.

Est-ce que seules la musique de Mozart ou la musique classique ont cet effet sur le cerveau ?
Dans le cadre de son expérience, Rauscher avait fait écouter une seconde musique classique à ces cobayes : l’Adagio en sol mineur pour orgue et cordes, ou Adagio d’Albinoni. Or ici, les résultats de l’étude montrent un effet inverse à celui de l’effet Mozart : les personnes ont mieux réussi leurs tests en silence.
Cependant, d’autres œuvres, compositeurs ou genre de musique ont été identifiés comme n’ayant aucun effet sur le raisonnement spatial :
- la musique classique assez minimaliste de Philip Glass
- la musique pop
Aujourd’hui, on compte certaines musiques de Mozart, de Bach ou bien du compositeur américano-grec Yanni, parmi celles ayant un effet Mozart. Une équipe de scientifiques tente de comprendre les caractéristiques physiques qui font que certaines musiques ont pour effet de nous rendre plus intelligents.
Sources : Rapport des recherches de Rauscher, Journal of the Royal Society of Medicine
Articles liés :
Altération de la réalité : c’est quoi l’effet Mandela ?
Les rêves lucides, un rêve contrôlé et aujourd’hui vérifié
5 bienfaits étonnants de l’apprentissage du piano sur votre enfant