Le protoxyde d’azote (N2O) est un des gaz à effet de serre les moins connus. Et pourtant, une étude récente met en lumière une augmentation des émissions synonymes d’un avenir climatique peu radieux. Nous parlons tout de même d’un gaz 300 fois plus réchauffant que le dioxyde de carbone !
Une augmentation rapide
Rappelons tout d’abord que les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat sont de limiter le réchauffement à 2°C, voire 1,5°C. Pour cela, il faudrait limiter nos émissions de dioxyde de carbone (CO2) et de méthane (CH4), ce que les États peinent à faire. Cependant, une étude publiée dans la revue Nature le 7 octobre 2020 s’intéresse quant à elle à un gaz à effet de serre moins connu : le protoxyde d’azote (N2O).
Les chercheurs de l’Université d’Auburn (États-Unis) estiment que le N2O a un pouvoir réchauffant 300 fois supérieur à celui du CO2. Quant à la durée de vie dans l’atmosphère, elle est de 120 ans pour le N2O contre 100 ans pour le CO2. Les directeurs de l’étude ont réfléchi à une question simple : doit-on s’inquiéter de nos émissions de protoxyde d’azote ? L’étude présente l’évaluation la plus complète de toutes les sources naturelles et artificielles de protoxyde d’azote dans le monde. Selon les résultats, les émissions augmentent plus rapidement que ce que les experts du GIEC pensaient.
L’étude évoque une augmentation de la température moyenne dépassant les 3°C. Le taux de protoxyde d’azote dans l’atmosphère a augmenté de 20 % par rapport à l’ère préindustrielle. En 1750, ce taux était de 270 parties par milliards (ppb) pour 331 ppb en 2018. Durant les dernières quatre décennies, les émissions d’origine humaine ont augmenté de 30 %. Or, le N2O est un des agents les plus néfastes pour la couche d’ozone.
L’agriculture pointée du doigt
Le secteur le plus responsable des émissions de NO2 n’est autre que l’agriculture, plus précisément l’élevage et des cultures réservées à l’alimentation des bêtes. Cela est lié à un excès dans l’utilisation d’engrais azotés et une mauvaise gestion des déjections ainsi que des résidus de récolte. Ce secteur est responsable de 85 % des émissions de protoxyde d’azote. Dans des pays tels que les États-Unis, la Chine et l’Inde, les émissions proviennent principalement des engrais synthétiques. En Amérique du Sud et en Afrique, il faut ajouter l’épandage de fumier de bétail. En Europe, les émissions ont en revanche diminué grâce à des mesures d’optimisation de l’efficacité de l’usage des engrais.

Enfin, les scientifiques évoquent également une rétroaction émergente N2O-climat. Celle-ci résulte des interactions entre les ajouts d’azote aux cultures (production alimentaire) et le réchauffement climatique. Parmi les solutions, les chercheurs pensent à une limitation de la consommation de viande, une diversification des maraîchages et bien sûr, le développement de l’usage d’engrais d’origine animale ou végétale.