Saviez-vous que les puces avaient un important rôle à jouer sur le plan géopolitique ? Taïwan, le voisin récalcitrant de la Chine, détient en effet l’une des plus importantes firmes de la planète : la Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC). Or, toute crise pourrait provoquer un véritable raz-de-marée économique.
Une industrie d’importance cruciale
Les semi-conducteurs sont des composés chimiques solides capables de conduire l’électricité dans certaines conditions, mais pas dans d’autres. Autrement dit, il s’agit d’un bon moyen de contrôler un courant électrique. Les semi-conducteurs sont les matériaux les plus répandus dans l’industrie du matériel informatique, si bien que la pénurie causée en grande partie par la crise sanitaire récente a handicapé bon nombre d’entreprises, et ce, jusque dans le domaine spatial.
Le fait est que les puces représentent un enjeu très important sur l’échiquier géopolitique mondial. Dans le cas où la Chine envahirait réellement Taïwan et mettrait en place un blocus, la crise économique qui s’en suivrait toucherait le monde entier. En août 2022, le quotidien Nikkei Asia estimait un coût d’environ 2 400 milliards d’euros pour l’économie globale.
Sur son sol, Taïwan abrite la plus importante fonderie de semi-conducteurs indépendante : la Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC). Or, cette société à elle seule représente une part importante des ambitions chinoises.
Des ambitions chinoises à contrer
La crise des semi-conducteurs en lien avec la pandémie de Covid-19 a laissé entrevoir ce qu’une attaque chinoise pourrait provoquer. TSMC fournit pas moins de 60 % de l’électronique consommée par le secteur automobile mondial, mais aussi d’énormes firmes de la tech, dont Apple et Nvidia. Or, ces sociétés ont perdu de sérieuses sommes d’argent durant la crise. Par ailleurs, ces sociétés, principalement américaines, ont délocalisé leur production en masse ces dernières décennies, gardant seulement les étapes relatives à la conception (propriété intellectuelle), le marketing et la commercialisation. Évidemment, l’objectif était de maximiser les profits.
Assez marquées par la récente pénurie de puces, l’Amérique du Nord et l’Europe craignent que la Chine s’empare finalement du leadership mondial sur l’électronique civile et militaire. Le fait est que la Chine produisait déjà en 2019 environ 12 % des semi-conducteurs dans le monde et a des vues sur Taïwan qui produit presque 23 % des puces consommées à l’échelle globale.
Si l’on effectue une comparaison avec l’industrie du pétrole, Taïwan est la « nouvelle » Arabie Saoudite. À la manière dont la répartition des ressources en pétrole a façonné la géopolitique mondiale ces dernières décennies, la géopolitique de demain sera certainement dictée par l’emplacement des chaînes d’approvisionnement en technologie. Ainsi, pour éviter un trop fort déséquilibre des forces, les pays occidentaux (États-Unis en tête) offrent à Taïwan une sorte de protection rapprochée.