Des résultats très décevants pour Shell et son usine de capture de CO2

usine CO2 Shell
Crédits : capture YouTube / Shell

Il y a quelques années, le géant pétrolier Shell inaugurait son usine de capture de dioxyde de carbone dans le nord du Canada. Véritable fierté verte de cette société, l’usine serait loin d’afficher les résultats promis à l’origine.

Shell accusé de greenwashing

Récemment ciblée par un vent d’indignation en Afrique du Sud en raison d’un projet d’exploration sismique, la firme pétrolière Shell n’est pas au bout de ses peines. Un rapport de l’ONG Global Witness publié le 20 janvier 2022 fustige en effet son usine Quest, installée depuis 2015 au Canada. Cette usine avait beaucoup communiqué à propos des intentions de Shell en matière d’écologie. Une vidéo expliquant son fonctionnement avait même été fièrement publiée.

À l’époque pourtant, Shell était déjà la cible de critiques. Certains observateurs accusaient la firme de greenwashing et aujourd’hui, ces mêmes observateurs sont sûrement très satisfaits. Il faut dire que le récent rapport de Global Witness est formel : les résultats de l’installation sont loin d’être à la hauteur des prévisions. Rappelons que l’objectif était de capter le CO2 émis par une seconde usine produisant de l’hydrogène, elle-même servant à l’exploitation controversée du pétrole des sables bitumineux de la province canadienne de l’Alberta.

Largement en dessous des prévisions

Global Witness explique qu’entre 2015 et 2019, Quest a collecté 4,8 millions de tonnes de dioxyde de carbone provenant de l’usine de production d’hydrogène. Ces chiffres pourraient en soi paraître assez flatteurs pour Shell. Seulement, voilà, cette même usine a émis environ 12,5 millions de tonnes de gaz à effet de serre, et ce, durant la même période. Ainsi, 7,7 millions de tonnes de GES se sont échappées dans la nature. Outre le CO2, il est également question de méthane, un gaz à effet de serre au pouvoir réchauffant beaucoup plus important malgré une durée de vie plus faible dans l’atmosphère.

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Crédits : capture écran / Global Witness

Le fait est que Shell promettait un taux de capture de CO2 à hauteur de 90 % afin de produire son « hydrogène bleu ». Autrement dit, il était question d’une usine quasiment propre. Néanmoins, les calculs de Global Witness, que conteste la firme, témoignent d’un taux n’atteignant même pas les 50 %. Il serait même question d’un taux de 39 % en cas de prise en compte de l’intégralité des gaz qu’émet l’usine d’hydrogène. Selon l’ONG, 7,7 millions de tonnes de GES représentent l’équivalent de 1,2 million de voitures à moteur thermique.

Alors que l’installation avait été vantée par Shell comme étant un modèle à suivre, il s’avère que la viabilité n’est pas vraiment au rendez-vous. Leurs contradicteurs estiment que les géants du pétrole et autres énergies fossiles jouent en réalité sur ce type d’installation pour prolonger la dépendance de l’humanité à ces mêmes énergies.