La quête de l’origine de la vie a pris un tournant surprenant avec l’analyse des échantillons de l’astéroïde Ryugu ramenés sur Terre par la mission japonaise Hayabusa2. Des scientifiques ont découvert que ces fragments de roche extraterrestre étaient colonisés par des micro-organismes. Malheureusement, à leur grande déception, ces bactéries sont d’origine terrestre. Cette révélation inattendue met en lumière les défis de la contamination biologique dans les missions spatiales et ouvre des perspectives fascinantes sur l’incroyable adaptabilité des microbes.
Une mission ambitieuse pour explorer l’origine de la vie
La mission Hayabusa2, orchestrée par l’agence spatiale japonaise JAXA, visait à collecter des échantillons de Ryugu, un astéroïde carboné riche en matière organique, et à les rapporter sur Terre. L’objectif était de percer le mystère des briques fondamentales de la vie en espérant découvrir des acides aminés ou des bases azotées directement issues de cet astéroïde.
En décembre 2020, la mission a réussi à rapporter environ 5,4 grammes de roche soigneusement isolés dans des chambres sous vide et stockés dans des conteneurs remplis d’azote pour éviter toute contamination terrestre. Ces précautions avaient pour but d’assurer que les échantillons analysés représenteraient fidèlement les conditions extraterrestres. Pourtant, malgré ces efforts, l’un des échantillons a été envahi par des micro-organismes terrestres.
Des microbes terrestres sur une roche extraterrestre
L’analyse de l’échantillon, réalisée à l’Imperial College de Londres, n’a initialement révélé aucune trace de vie. Toutefois, quelques semaines plus tard, une observation au microscope électronique a dévoilé une colonisation bactérienne : des filaments et des bâtonnets organiques grouillaient sur la surface de la roche.
Les scientifiques ont rapidement établi que ces bactéries n’étaient pas d’origine extraterrestre. Leur croissance rapide, leur morphologie et leur taux de développement correspondaient en effet à des microbes procaryotes bien connus sur Terre. Ces micro-organismes s’étaient manifestement développés après que l’échantillon a été intégré dans une résine, malgré les multiples mesures de protection.
Cette découverte a certes déçu les chercheurs, qui espéraient étudier Ryugu dans son état le plus pur, mais elle n’est pas sans enseignements. En effet, elle met en lumière à quel point les microbes terrestres sont de redoutables colonisateurs et qu’ils sont capables de proliférer même dans des environnements ultra-contrôlés.
Le défi de la contamination dans les missions spatiales
Ce cas illustre une problématique majeure pour l’exploration spatiale : la difficulté de maintenir des échantillons totalement exempts de contamination. Depuis des décennies, des météorites tombées sur Terre ont révélé des traces de molécules organiques complexes, mais l’origine de ces composés reste souvent contestée en raison du risque de pollution terrestre.
La mission Hayabusa2 cherchait à résoudre cette ambiguïté. Et dans une certaine mesure, elle y est parvenue : d’autres échantillons de Ryugu ont révélé des acides aminés et même de l’uracile, une des bases de l’ARN, qui semblent bien d’origine extraterrestre. Toutefois, l’épisode des bactéries rappelle que même les protocoles les plus stricts peuvent être contournés par l’ingéniosité naturelle des microbes.
Ces résultats sont particulièrement pertinents à l’heure où des missions encore plus ambitieuses se profilent, comme le retour d’échantillons de Mars ou l’exploration des lunes glacées Europe et Encelade. Pour ces futures missions, où l’on espère trouver des traces de vie extraterrestre, les contrôles de contamination devront être encore plus rigoureux.
L’adaptabilité des microbes : une leçon pour l’avenir
Si la colonisation de l’échantillon par des microbes terrestres est une déconvenue pour l’étude de Ryugu, elle met en évidence un aspect fascinant : l’incroyable résilience et l’adaptabilité des bactéries. Ces organismes, invisibles à l’œil nu, sont capables de s’établir dans les conditions les plus extrêmes, exploitant la moindre opportunité pour proliférer.
Cette observation pousse à réfléchir sur le rôle des microbes dans l’histoire de la Terre et au-delà. Ces organismes, véritables conquérants de l’invisible, pourraient-ils survivre dans l’espace ? Leur capacité à coloniser rapidement des environnements extraterrestres pose également la question de leur potentiel rôle dans la contamination d’autres planètes.