Une grande partie de l’eau que nous consommons aujourd’hui sous diverses utilisations est mutlimillénaire. Une étude récente pointe du doigt sa grande vulnérabilité, plus importante que les scientifiques ne le pensaient jusqu’ici.
Dans la revue Nature Geoscience, une équipe internationale de scientifiques publie les résultats de ses travaux, également présentés ce mardi 25 avril 2017 à Vienne, devant l’Union européenne des sciences de la terre. Ceux-ci nous apprennent qu’une grande part de l’eau que nous utilisons aujourd’hui est multimillénaire, mais menacée par la pollution.
Comme l’expliquent ces travaux, sous terre, les nappes profondes sont largement nourries d’eau issue de précipitations datant d’il y a plus de 12 000 ans, avant l’époque géologique actuelle. Pour affirmer cela, ces scientifiques ont daté au radiocarbone 6 500 aquifères à travers le monde, des États-Unis au Japon en passant par le Sénégal ou l’Europe.
Ainsi, une large part, comprise entre 42% et 85%, de l’eau dans le premier kilomètre de la croûte terrestre a plus de 12 000 ans. « Une part substantielle de l’eau douce dans le monde est d’âge ‘fossile’. Seule une petite portion des eaux souterraines est récente, quelques années ou quelques décennies« , explique Scott Jasechko, de l’Université de Calgary. « Cette eau remonte à l’époque des mammouths ! Globalement, elle représente à peu près deux fois le volume d’eau ‘moderne’ situé sous nos pieds. Quant aux puits descendant au-delà de 250 mètres, ils pompent essentiellement de l’eau ‘fossile’« , ajoute James Kirchner, de l’Ecole polytechnique de Zurich.
Toutefois, cette eau « fossile » est vulnérable. « On croit souvent ces eaux non touchées par les contaminations modernes« , soulignent les auteurs. Il n’en est rien : « Les eaux de puits ‘fossiles’ sont plus vulnérables que nous ne le pensions jusqu’ici« .
Dans ces eaux anciennes, des eaux de pluie ou de neige des cinquante dernières années ont été repérées, infiltrées par des zones plus perméables ou encore des fuites sur les puits. Cela fait peser sur ces eaux anciennes le danger de la pollution par des pesticides, des engrais, des substances industrielles…
« Il faut veiller à la qualité des ressources souterraines anciennes, et aussi les gérer de manière durable« , ajoutent les chercheurs. Beaucoup de ces réserves souterraines « ne sont sans doute pas ‘renouvelables’ à l’échelle d’une vie humaine« , souligne James Kirchner.
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