Aux États-Unis, divers projets ont pour objectif d’utiliser l’eau des océans afin de piéger le dioxyde de carbone. Ils impliquent notamment de modifier la structure des océans ou encore d’utiliser l’électrolyse pour contrer la pollution. Mais ces solutions de géo-ingénierie peuvent-elles se montrer efficaces ?
Améliorer l’alcalinité des océans
Tout d’abord, évoquons le fait que les océans captent déjà une part importante du CO2 provenant des activités humaines. En 2019, une étude montrait que cette part d’environ un tiers n’avait pas vraiment tendance à évoluer. Reste qu’une quantité croissante du CO2 est dissoute dans l’eau de mer, provoquant au passage son acidification et représentant surtout une menace pesant sur les espèces marines et les écosystèmes.
Dans un rapport publié le 8 décembre 2021, l’Académie nationale des sciences aux États-Unis suggère donc d’améliorer l’alcalinité des océans. Pour ce faire, il faudrait broyer de la roche de magma afin de rendre l’eau plus basique. Or, lorsque l’eau de mer devient plus basique, elle transforme le CO2 en d’autres molécules sans aucun risque pour les écosystèmes se trouvant à proximité.
Selon les chercheurs, ajouter ces roches de magma broyées n’aurait pas d’effets négatifs sur le long terme. Il faut dire que ce genre de minéral subit déjà naturellement une érosion dans l’océan. Toutefois, désacidifier de cette façon une petite partie des océans n’a pas vraiment d’intérêt. Ainsi, il faudrait que la pratique se fasse à l’échelle globale, ce qui paraît en soi assez compliqué.
Les océans, des éponges géantes ?
Un autre projet pourrait donc prendre davantage d’importance : SeaChange, imaginé par le professeur d’ingénierie civile et environnementale Gaurav Sant de l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA). Il préconise en effet d’utiliser l’océan comme une éponge à carbone géante. Le projet a recours à l’électrolyse, c’est-à-dire la division de l’eau en hydrogène et oxygène. Cela permettrait d’enfermer le CO2 dans des sels minéraux, les carbonates. Ces derniers finiraient ensuite leur course dans les océans où ils garderaient leur stabilité.
Selon le porteur du projet, cette solution de géo-ingénierie permettrait d’éliminer entre 100 et 1 000 kg de CO2 par jour. Afin de ramener le pH des océans à un niveau proche de celui qui fut le sien au début de la révolution industrielle, il faudrait donc deux siècles. Bien que pleine de promesses, cette méthode ne doit toutefois pas constituer une solution ultime. Comme pour tous les projets de géo-ingénierie, la meilleure manière de régler le problème est en effet de travailler réellement sur une réduction des activités polluantes et donc sur une baisse des rejets de gaz à effet de serre.