Sur Mars, l’eau a coulĂ© plus longtemps qu’on ne le pensait

mars perseverance
Une vue sur Mars capturée par le rover Perseverance. Crédits : NASA/JPL

Une analyse des grands gisements de sel sur Mars suggère que des Ă©tangs d’eau liquide ont existĂ© sur la planète rouge pendant près d’un milliard d’annĂ©es de plus qu’on ne le croyait auparavant.

Des centaines de gisements de chlorure de sodium s’Ă©tendant sur des dizaines Ă  des centaines de kilomètres carrĂ©s ont Ă©tĂ© dĂ©couverts par l’orbiteur Mars Odyssey de la NASA dès 2008. Ces donnĂ©es avaient alors prouvĂ© que Mars Ă©tait autrefois beaucoup plus humide, ponctuĂ©e de lacs alimentĂ©s par des rivières, offrant un habitat potentiel pour la vie microbienne. Au fur et Ă  mesure que l’atmosphère de la planète s’est amincie au fil du temps, cette eau s’est finalement Ă©vaporĂ©e, laissant derrière elle monde dĂ©sertique.

Jusqu’Ă  prĂ©sent, nous pensions que la planète s’Ă©tait assĂ©chĂ©e il y a environ trois milliards d’annĂ©es. Toutefois, une Ă©tude publiĂ©e dans AGU Advances nous invite Ă  reconsidĂ©rer ce dĂ©lai.

De l’eau liquide il y a 2,3 milliards d’annĂ©es

Pour cette Ă©tude, dans le cadre de son travail de doctorat Ă  Caltech, Ellen Leask et le professeur de Caltech Bethany Ehlmann se sont intĂ©ressĂ©es aux dĂ©pĂ´ts de chlorure de sel laissĂ©s par l’Ă©vaporation de l’eau de fonte glacĂ©e qui coulait Ă  travers le paysage. Plus prĂ©cisĂ©ment, elles ont analysĂ© les gisements de sel connus en examinant sur quels types de reliefs ils s’Ă©taient formĂ©s. Ces donnĂ©es devaient permettre de dĂ©terminer comment ils se sont dĂ©posĂ©s sur le terrain en premier lieu.

Pour ce faire, les deux chercheuses ont utilisĂ© les donnĂ©es du Mars Reconnaissance Orbiter (MRO) recueillies au cours des quinze dernières annĂ©es. Au terme de leurs analyses, elles ont alors dĂ©couvert que ces dĂ©pĂ´ts Ă©taient Ă©tonnamment minces (moins de trois mètres d’Ă©paisseur) et qu’ils se trouvaient dans des dĂ©pressions topographiques.

« L’analogue le plus proche que nous pouvons trouver sur Terre est les chaĂ®nes de lacs que vous obtenez en Antarctique lorsque la neige fond de façon saisonnière au sommet du pergĂ©lisol« , souligne Bethany Ehlmann. « L’eau ne peut pas pĂ©nĂ©trer profondĂ©ment dans le sol gelĂ© en dessous, donc lorsqu’elle s’Ă©vapore, le dĂ©pĂ´t de sel laissĂ© derrière reste mince. »

eau mars
Bosporos Planum. Les taches blanches sont des dĂ©pĂ´ts de sel trouvĂ©s dans un canal sec. Le plus grand cratère d’impact de la scène mesure près de 1,5 km de diamètre. CrĂ©dits : NASA/JPL-Caltech/MSSS

Les dĂ©pĂ´ts de sel martiens se trouvent ici le plus souvent dans des dĂ©pressions peu profondes, parfois perchĂ©es au-dessus de cratères beaucoup plus grands dĂ©pourvus de dĂ©pĂ´ts. Selon l’article, cette orientation semblerait indiquer que l’eau provenait du ruissellement de surface pendant un cycle de gel-dĂ©gel de la glace, avec du chlorure pour le sel lessivĂ© du haut des sols riches en argile.

Au cours de leurs analyses, les deux chercheuses ont alors dĂ©couvert plusieurs gisements de chlorure au sommet d’un terrain volcanique formĂ© il y a 2,3 milliards d’annĂ©es. Cette dĂ©couverte soulève donc de nouvelles questions sur la durĂ©e de vie microbienne qui aurait potentiellement pu survivre sur Mars.