Des scientifiques chinois ont récemment découvert des molécules d’eau piégées dans des roches lunaires ramenées par la mission Chang’e 5. Bien que la présence d’eau sur la Lune soit connue depuis un certain temps, cette découverte apporte des détails spécifiques sur sa nature et sa distribution, bouleversant ainsi notre compréhension de la surface lunaire.
La découverte de l’eau sur la Lune
Historiquement, les premières missions lunaires, comme celles des programmes Apollo dans les années 1960 et 1970, n’avaient révélé aucune trace d’eau, ce qui avait conduit les scientifiques à conclure que la surface de la Lune était sèche. Cependant, cette hypothèse a été progressivement remise en question avec les découvertes des missions plus récentes.
Des satellites lunaires et des missions d’exploration robotique, telles que celles de la NASA et d’autres agences spatiales, ont en effet détecté la présence d’eau, notamment sous forme de glace, près des pôles lunaires où les températures sont extrêmement basses. Cependant, la présence d’eau dans d’autres parties de la Lune restait incertaine et nécessitait des preuves plus directes, ce qui nous ramène à la mission Chang’e 5.
Des cristaux de minéraux hydratés
Lancée par la Chine en 2020, cette mission a été un tournant majeur dans l’exploration lunaire en devant la première mission depuis plus de 40 ans à rapporter des échantillons de roches lunaires sur Terre. Ces derniers, prélevés dans la région de l’Oceanus Procellarum, ont permis aux scientifiques de mener des analyses détaillées et de découvrir des éléments jusque-là inconnus de la surface lunaire.
Les analyses récentes de plusieurs de ces échantillons par l’Académie chinoise des sciences ont notamment révélé la présence de cristaux de minéraux hydratés, avec une formule chimique (NH4)MgCl3·6H2O. Ces cristaux contiennent plus de 40 % d’eau, ce qui indique que des molécules d’eau peuvent persister dans les zones ensoleillées de la Lune sous forme de sels hydratés.
Cette découverte, publiée dans la revue , est importante, car elle fournit des preuves directes de la présence d’eau dans des zones auparavant considérées comme sèches. Elle a des implications majeures pour l’exploration et l’exploitation futures de la Lune. La possibilité de convertir l’eau en oxygène et en hydrogène pour produire du carburant de fusée est en effet essentielle pour les missions de longue durée.
Une complexité géologique révélée
Les chercheurs détaillent également la découverte de traces d’ammoniac dans ces mêmes échantillons, ce qui suggère une histoire géologique plus complexe de la Lune. Ce produit de dégazage volcanique indique en effet que la Lune a connu une activité volcanique significative, où des gaz se sont libérés du magma lors des éruptions et ont été piégés dans les minéraux. Cette présence d’ammoniac révèle également des informations cruciales sur la composition chimique du manteau lunaire et les conditions géochimiques durant la formation et l’évolution de la Lune.
Enfin, tout comme c’est le cas pour l’eau, la découverte d’ammoniac dans les roches lunaires a également des implications pratiques pour les futures missions spatiales. En tant que composant clé dans la production de carburant pour fusées, sa présence suggère en effet que la Lune pourrait offrir des ressources précieuses pour les explorations spatiales futures, notamment la production de carburant in situ.