Du venin de scorpion pour traiter les douleurs chroniques ?

Crédits : Pixabay

Une récente étude américaine indique que le venin d’un scorpion australien comporte une protéine spécifique stimulant la douleur chez les victimes. Alors que ce mécanisme était totalement inconnu, il s’agit ici d’une caractéristique pouvant un jour servir à élaborer de nouveaux traitements contre les douleurs chroniques.

Du venin pour soulager les douleurs

Des chercheurs de l’Université de Californie à San Francisco (États-Unis) et de l’Université de Queensland (Australie) se sont intéressés à une espèce de scorpion en particulier. Il s’agit du scorpion australien Black rock (Urodacus manicatus). Comme l’indique une publication dans la revue Cell du 22 août 2019, les meneurs de l’étude ont découvert un mécanisme jusqu’ici encore inconnu.

Selon eux, une toxine présente dans le venin du scorpion pourrait alimenter les recherches portant sur les circuits de la douleur dans le corps humain. Il s’agit d’une découverte faite alors que les recherches portaient sur différents types de venin et leur impact sur le récepteur TRPA1. Il faut savoir que ce même récepteur s’active lorsqu’un élément jugé dangereux est détecté dans l’organisme.

Comment le venin agit-il sur le circuit de la douleur ?

Tout d’abord, les chercheurs ont isolé la protéine WaTx du venin. En effet, cette protéine active le récepteur TRPA1 différemment face à d’autres composés. Ces derniers accèdent à la cellule par des chaînes de protéines ou autre processus complexe. Or, la protéine WaTx parvient au contraire à passer directement à travers la membrane cellulaire !

Pour les chercheurs, il s’agit de quelque chose d’aussi inhabituel qu’encourageant. En effet, comprendre comment ce passage direct peut se produire pourrait ouvrir de nouvelles portes. Par exemple, il s’agirait d’élaborer un moyen d’acheminer des médicaments directement dans les cellules qui habituellement ne passent pas la membrane cellulaire.

Crédits : Cell/Université de Californie

Pas d’inflammation

Habituellement, les autres composés pouvant stimuler le récepteur TRPA1 s’y accrochent et modifient la chimie du nœud allostérique. Ceci perturbe la régulation du récepteur si bien que le sodium et les ions de calcium peuvent désormais accéder à la cellule. Or, du fait d’une plus grande quantité de calcium pénétrant la cellule, une inflammation se produit.

Dans le cas de la protéine WaTx, il n’y a aucune inflammation, bien qu’une douleur intense soit présente. Ce phénomène se produit tout simplement parce que la chimie du nœud allostérique n’est pas altérée. Selon les chercheurs, il serait possible de séparer la douleur de l’inflammation et d’élaborer des analgésiques non opioïdes. Autrement dit, le venin du scorpion donnerait la possibilité de créer des antidouleurs dénués de toute substance dérivée de l’opium.

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