Du plastique retrouvé dans les entrailles de la Terre

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Des créatures évoluant dans les grandes profondeurs ont été retrouvées avec du plastique dans leurs intestins, révèle une étude publiée la revue Royal Society Open Science.

La pollution plastique se retrouve partout, même dans les zones plus isolées. Si la grande majorité des recherches sur la pollution par le plastique en milieu océanique s’est concentrée sur les eaux de surface, une récente étude, elle, s’est concentrée sur les profondeurs marines. Et les entrailles de la Terre ne semblent pas épargnées. Une équipe de chercheurs britanniques affirme en effet avoir découvert des cas d’ingestion de plastique chez de petites crevettes à l’intérieur de six des plus profondes fosses océaniques de la planète.

Nos poubelles dans les abysses

Dans la fosse des Mariannes – la fosse océanique la plus profonde de la planète – 100 % des crevettes étudiées, vivant entre 6 000 et 11 000 mètres de profondeur, présentaient des fibres plastiques dans leur tube digestif. Autres exemples avec la fosse du Pérou-Chili, dans le sud-est du Pacifique, la fosse du Japon, ou dans la fosse des Nouvelles-Hébrides. Sur les 90 créatures disséquées au total, 65 – soit plus de 72 % – contenaient au moins une microparticule de plastique dans leurs intestins.

« Une partie de moi s’attendait à trouver quelque chose, mais pas au point d’avoir 100 % des individus du lieu le plus profond du monde avec des fibres dans leurs entrailles. C’est énorme », explique à l’AFP Alan Jamieson, chercheur en écologie marine à l’Université britannique de Newcastle, et principal auteur de l’étude.

fosse mariannes
La fosse des Mariannes, qui pointe à plus de 11 000 mètres de profondeur. Crédits : Wikipédia

Des contaminants vieux de plusieurs années

Il ressort également de cette étude, après analyses des fibres – du nylon, principalement – que les liaisons atomiques de chaque particule n’étaient plus les mêmes comparées à un matériau neuf. Pour les chercheurs, cela suggère que ces morceaux de plastique ont été ingérés il y a plusieurs années. Ces microparticules se forment lorsque de plus gros morceaux de plastique se décomposent avec le temps en surface. À mesure que le temps passe, et que les bactéries s’y accrochent, ces particules deviennent alors de plus en plus lourdes et finissent par couler. Elles sont ensuite ingérées par des organismes évoluant en profondeur.

Ce n’est pas la première fois qu’une telle pollution d’origine anthropique est constatée en grandes profondeurs. Une étude publiée en 2017 dans la revue Nature Ecology & Evolution avait en effet relevé des niveaux « extraordinaires » de pollution à 10 km de profondeur dans la fosse des Mariannes. Les chercheurs avaient notamment décelé la présence, en abondance, de PCB, des polluants industriels hautement toxiques. Ces substances polluantes sont pourtant interdites depuis de nombreuses années dans beaucoup de pays. Certaines de ces particules, en revanche, peuvent « tenir » dans la nature pendant plus de 2 000 ans.

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