Début février 2021, un nuage de poussières de sable a traversé la France. Or, celui-ci contenait des traces des essais nucléaires français au Sahara au début des années 1960. Après avoir analysé des échantillons, des chercheurs ont retrouvé du césium 137, un élément radioactif qui n’est pas sans rappeler la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en 1986.
Aucun danger pour la santé
Le 6 février 2021, un nuage de poussière de sable a traversé la France en provenance du Sahara. Un article publié par France 3 régions a donné la parole à Pierre Barbey, expert en radioprotection à l’Université de Caen. Le spécialiste a récupéré un échantillon sur le pare-brise de sa voiture près de Chapelle des Bois (Doubs) dans le massif du Jura. Également conseiller pour l’Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l’Ouest (ACRO), Pierre Barbey dit avoir clairement identifié du césium 137.
« Il s’agit d’un radioélément artificiel qui n’est donc pas présent naturellement dans le sable et qui est un produit issu de la fission nucléaire mise en jeu lors d’une explosion nucléaire », expliqua l’intéressé.
Pour Pierre Barbey, il est retombé 80 000 Bq (becquerels) au km² de césium 137. Les habitants du département du Doubs auraient pu prendre peur, étant donné que les spectres des terribles catastrophes nucléaires de Tchernobyl (1986) et de Fukushima (2011) sont encore présents dans les esprits. Toutefois, cette valeur n’est heureusement pas synonyme de dangerosité pour la santé. Selon l’expert, l’élément en question a une période de vie de 30 ans. Or, ce dernier perd la moitié de sa radioactivité tous les 30 ans. Évoquons le fait qu’au bout de sept cycles de 30 ans, il reste seulement 1 % des substances radioactives.
Un rappel des agissements de la France
L’ACRO estime que son étude n’avait pas pour objectif de déceler un éventuel danger. En effet, les chercheurs étaient certains que ce ne serait pas le cas. En revanche, il s’agissait de rappeler que la France a pratiqué des essais nucléaires dans d’autres pays. Pierre Barbey rappelle qu’aujourd’hui, des populations vivent sur ces traces de césium 137 contaminant encore certains terrains. Entre 1960 et 1966, pas moins de 17 essais ont été effectués dans le sud de l’Algérie, un pays encore à l’époque considéré comme étant un département français.
Le tout premier essai nucléaire a eu lieu le 13 février 1960. Nom de code : Gerboise bleue (voir ci-dessous). Avec une puissance de 70 kilotonnes, cet essai a eu une ampleur trois ou quatre fois plus importante que la bombe lancée sur Hiroshima (Japon) en août 1945 par les États-Unis.
Après la signature des accords d’Évian en mars 1962, les expérimentations dans le Sahara sont seulement possibles jusqu’en juillet 1967. La France se concentre alors sur la Polynésie pour ses prochains essais, dont le tout premier a eu lieu sur l’atoll de Moruroa en 1966. Or, la Président de la République Jacques Chirac annoncera la fin officielle des essais nucléaires français 30 ans plus tard, en 1996.