Droguer les fourmis pour en faire des gardes du corps ? Bienvenue chez les chenilles !

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Les chenilles du papillon japonais Narathura japonica produiraient des gouttelettes sucrées qui, une fois consommées, modifieraient le comportement des fourmis. Elles deviendraient alors de parfaits gardes du corps.

Jusqu’ici, on estimait que les chenilles Narathura japonica offraient des sécrétions aux fourmis Pristomyrmex punctatus afin que celles-ci les aident à les protéger des araignées et des guêpes prédatrices. Un parfait exemple de mutualisme — interaction entre deux (ou plusieurs) espèces — dans laquelle les organismes impliqués tirent tous les deux profit de cette relation.

Seulement, les chercheurs ont remarqué que les chenilles étaient toujours suivies par les mêmes fourmis qui, selon toute vraisemblance, ne retournaient jamais vers la fourmilière. Selon Masaru Hojo de l’Université de Kobe, il semble également que ces dernières avaient abandonné la recherche de nourriture et se tenaient autour de la chenille la gardant et la défendant jusqu’à ce que mort s’ensuive.

Pour comprendre le phénomène, les chercheurs ont recueilli des œufs de papillons, des jeunes chenilles et trois colonies de fourmis. Les chenilles ont été élevées sur un chêne japonais, les fourmis étant quant à elles placées dans des nichoirs contenant de savoureux vers de farine et du sirop d’érable.

En faisant interagir les deux espèces, l’équipe a ainsi constaté que les sécrétions de fidélité de l’organe dorsal nectarifère de la chenille étaient des composés chimiques qui réduisaient les activités locomotrices des fourmis. Elles montraient également des signes d’agressivité lorsque la chenille semblait alarmée.

En analysant ensuite les cerveaux des fourmis droguées, les chercheurs ont constaté une diminution significative des niveaux de dopamine, un messager chimique qui affecte les mouvements et l’agressivité chez les insectes. Des résultats qui suggèrent que certaines interactions de défense qui semblent mutualistes seraient en fait parasitaires.

Sources : Current Biology, Gurumed