Dormons-nous plus ou moins longtemps que le faisaient nos ancĂȘtres ?

Crédits : Adina Voicu/Pixabay

Si le mode de vie que la sociĂ©tĂ© moderne nous a fait adopter aujourd’hui provoque un manque et une mauvaise qualitĂ© de sommeil, dormons-nous vraiment moins que ne le faisaient nos ancĂȘtres ? Pas forcĂ©ment, pointe une Ă©tude qui s’est penchĂ©e sur le sommeil de trois sociĂ©tĂ©s prĂ©-industrielles vivant en Afrique et en AmĂ©rique du Sud.

Dans une Ă©tude publiĂ©e dans la revue scientifique Current Biology, des chercheurs de l’Université de Californie Ă  Los Angeles, aux États-Unis, ont Ă©tudié trois sociĂ©tĂ©s de chasseurs-cueilleurs vivant en Afrique et en AmĂ©rique du Sud, quasiment dans les mĂȘmes conditions que l’homme prĂ©historique. « Tous trois vivent sans Ă©lectricitĂ© et sans les Ă©quipements Ă©lectroniques que beaucoup accusent d’avoir rĂ©duit la durĂ©e de notre sommeil », dĂ©clare Jerome Siegel, psychiatre et chercheur en sommeil.

Ces trois sociĂ©tĂ©s sont donc les Hadza de Tanzanie, les San de Namibie et les Tsimane de Bolivie, chez qui quelques volontaires ont étĂ© Ă©quipĂ©s d’appareils pour enregistrer les spĂ©cificitĂ©s de leur sommeil. RĂ©sultat, ces trois groupes dorment entre 5,7 h et 7,1 h par nuit. Nous sommes donc loin des 8 heures qui nous sont habituellement recommandĂ©es. « Il est clair que la durĂ©e de sommeil de ces groupes est dans la fourchette basse de ce que l’on voit aux États-Unis de nos jours », explique Jerome Siegel.

Chez les membres de ces populations, la santĂ© est plutĂŽt bonne. L’obĂ©sitĂ© n’y existe pas, ils sont nombreux Ă  parvenir Ă  vivre jusqu’à un Ăąge avancĂ© et les troubles du sommeil sont trĂšs exceptionnels. Le mot insomnie n’a d’ailleurs pas de traduction lĂ -bas. « Environ 20 % de [la population amĂ©ricaine] se plaint d’insomnie chronique Ă  un moment ou Ă  un autre », note Jerome Siegel, « mais les deux groupes que nous avons interrogĂ©s Ă  ce sujet n’ont mĂȘme pas d’équivalent au mot insomnie dans leurs langues ».

Un Ă©lĂ©ment serait essentiel dans la qualitĂ© du sommeil chez ces populations, les variations de tempĂ©rature. En effet, ceux-ci se couchent en moyenne 3,3 heures aprĂšs le coucher du soleil. Or la tempĂ©rature baisse aprĂšs le coucher du soleil, puis remonte le matin, un fonctionnement qu’imite notre corps, sauf que nos piĂšces sont Ă©quipĂ©es de chauffage ou de climatisation, biaisant cette relation. « Si leur sommeil suit le rythme naturel des tempĂ©ratures de prĂšs et de maniĂšre naturelle, alors la qualitĂ© de leur sommeil pourrait en effet ĂȘtre plus Ă©levĂ©e que ce que l’on observe aux États-Unis » explique Kristen Knutson, chercheuse Ă  l’universitĂ© de Chicago.

Source : Current Biology