Les données satellites de la Guerre Froide servent aujourd’hui à étudier les changements de l’Himalaya

Crédits : Nasa

Bien que la Guerre Froide ait pris fin il y a plusieurs années, les données récoltées par les satellites espions de l’époque servent toujours aujourd’hui à des fins bien différentes : suivre les changements environnementaux dans l’Himalaya.

En utilisant les données déclassifiées des satellites espions ayant servi durant la Guerre Froide, les scientifiques ont été en mesure de créer des images en 3D des glaciers de l’Himalaya. Des cartes qui fournissent une première vue cohérente de 40 ans de changements des glaciers dans cette région de haute montagne. Les premiers résultats de ces modèles ont été présentés le lundi 12 décembre 2016 au cours de la réunion annuelle de l’American Geophysical Union.

Ces nouvelles cartes en 3D permettent de révéler comment les glaciers de l’Himalaya se comportent dans un climat changeant. Par exemple, de premiers résultats portant sur 21 glaciers situés dans la partie du Bhoutan montrent que ceux-ci ont perdu bien plus de glace qu’ils n’en ont gagné.

En comparant ces images satellites prises à partir de 1974 avec des images capturées en 2006 grâce à l’instrument ASTER qui équipe le satellite Terre de la Nasa, les scientifiques ont estimé la perte de masse moyenne annuelle (si fondue en eau). Celle-ci serait d’au moins 0,18 mètre de moins par an sur toute la surface de chaque glacier. « La vie dépend de l’eau. Alors un changement de la quantité ou du temps que met l’eau avant d’atteindre une communauté ou un écosystème aura un impact », déclare Josh Maurer, chercheur principal.

Selon ces chercheurs, près de 20 % de la population mondiale dépend des eaux fondues des glaciers de l’Himalaya. Avec les pluies de mousson et les chutes de neige, elles constituent un apport en eau potable, en approvisionnement pour l’agriculture et pour l’énergie hydroélectrique. Ce nouveau système de cartes en 3D permet aux scientifiques de mieux appréhender et quantifier les changements dans ces glaciers, estime Summer Rupper, coauteur de l’étude et qui a participé à de nombreuses expéditions de mesures de masse dans ces glaciers.

« Deux raisons peuvent expliquer la perte de masse des glaciers. Il peut s’agir de la fonte, mais aussi d’une quantité moindre de neige », explique le scientifique. « Cette télédétection peut nous donner précisément la variation nette, mais pas la cause. Le vrai pouvoir que nous avons, c’est de pouvoir coupler ces données avec les informations que nous obtenons sur le terrain pour mettre tout cela en perspective ».

Pour pouvoir créer ces nouvelles cartes en 3D, ces scientifiques ont utilisé les données d’un programme de satellite espion américain dont le nom de code était Hexagon en service entre 1971 et 1986. Durant la Guerre Froide, une vingtaine de satellites du programme Hexagon ont orbité autour de la Terre en capturant de nombreuses images. Des données qui s’avèrent précieuses aujourd’hui puisqu’elles offrent une perspective sur plusieurs décennies, les glaciers pouvant mettre des années à répondre aux changements climatiques.

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