Le dolmen de Menga, une vaste sépulture néolithique située dans le sud de l’Espagne, a récemment fait l’objet d’une étude approfondie. Datant d’environ 5 700 ans, ce tumulus imposant qui renferme les restes squelettiques de plusieurs centaines d’anciens individus, est aujourd’hui considéré comme l’une des structures les plus impressionnantes de la période néolithique.
Focus sur le dolmen de Menga
L’étude géoarchéologique des mégalithes est cruciale pour comprendre les sociétés préhistoriques. Les recherches se concentrent sur l’origine géologique des pierres utilisées dans la construction de ces monuments, ce qui offre des informations sur les techniques d’extraction et de transport.
Ben que de tels travaux aient été réalisés sur plusieurs sites mégalithiques mondiaux, la péninsule ibérique reste encore largement inexplorée. Ainsi, le site de Menga, un dolmen faisant partie du site d’Antequera, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, a récemment fait l’objet d’une étude approfondie. Des recherches précédentes avaient révélé des détails sur sa construction, mais la caractérisation précise des pierres massives et la localisation de la carrière demeuraient encore inconnues.
Pour rappel, un dolmen est une structure funéraire constituée de grandes pierres dressées, souvent surmontées de dalles horizontales, formant une chambre sépulcrale. Dans le cas de Menga, cette construction massive a été utilisée comme tombeau et renferme les squelettes de plusieurs centaines d’individus de l’Antiquité.
Ces nouveaux travaux, basés sur une décennie de recherches sur le terrain et d’analyses en laboratoire, visaient à atteindre trois objectifs majeurs : identifier les composants structuraux du dolmen et leur faciès sédimentologique, comparer lithologiquement les matériaux avec le faciès marin du Tortonien supérieur de la région et réaliser une cartographie géologique détaillée des environs.
Si vous n’êtes pas familier avec ce terme, notez qu’en géologie, le « faciès » se réfère aux caractéristiques physiques, chimiques et biologiques d’une roche ou d’une formation géologique dans une région particulière.
Cette approche intégrée aura permis de fournir des informations cruciales sur la provenance des pierres utilisées pour construire Menga, contribuant ainsi à enrichir notre compréhension des pratiques culturelles et techniques des sociétés néolithiques.
Pierres tendres
À l’aide de diverses techniques d’analyse pétrographique et stratigraphique, les chercheurs ont identifié que les pierres de Menga étaient principalement des calcarénites. Il s’agit d’une roche sédimentaire détritique mal cimentée, comparable aux « pierres tendres » utilisées dans le génie civil moderne. Ces pierres sont notoirement difficiles à transporter sans subir des dommages. La construction de Menga aurait donc nécessité une planification minutieuse.
Travailler avec ces pierres massives et fragiles aura également exigé un investissement considérable en main-d’œuvre, impliquant non seulement la taille de la pierre, mais également le travail du bois et la fabrication de cordes. Des quantités substantielles de bois auraient également été nécessaires pour construire des échafaudages utilisés dans le processus d’extraction et pour préparer les routes sur lesquelles les pierres massives étaient transportées.
Un chantier exceptionnel
Le dolmen de Menga, situé au sommet d’une colline, a été intentionnellement orienté pour bénéficier de trois avantages majeurs. Tout d’abord, il s’aligne parfaitement avec la montagne voisine appelée le « Rocher des Amoureux » et avec le lever du soleil, créant un motif complexe de lumière et d’ombre à l’intérieur de la chambre.
De plus, son emplacement en contrebas de la carrière d’où provenaient les matériaux a facilité le transport des roches massives en suivant une trajectoire constante en descente. Enfin, le substrat au sommet de la colline, plus stable que les sols argileux environnants, a offert une base solide pour le dolmen.
Pour protéger les pierres poreuses de Menga contre les dommages liés à l’eau, les constructeurs ont entouré les plus grosses de tumuli constitués de couches de grès plat soigneusement imbriquées et de sol pressé.
Dans l’ensemble, les chercheurs concluent que la construction de Menga représente une réalisation exceptionnelle, incarnant l’état de l’art de l’ingénierie mégalithique dans la péninsule ibérique préhistorique, et peut-être même en Europe.
En conclusion, le dolmen de Menga se distingue non seulement par son envergure impressionnante, mais aussi par la complexité de sa construction, révélée par cette étude approfondie. Les découvertes concernant l’origine des pierres, les techniques de transport et d’assemblage, ainsi que l’ingéniosité des constructeurs néolithiques, renforcent l’importance de ce site en tant que témoignage exceptionnel des capacités techniques et culturelles des sociétés préhistoriques de la péninsule ibérique. Menga, avec son orientation précise et son intégration harmonieuse dans le paysage, incarne l’apogée de l’ingénierie mégalithique de son époque, nous offrant un regard précieux sur les savoir-faire et les croyances de nos ancêtres. Ces nouvelles recherches viennent enrichir notre compréhension de ce monument historique unique, confirmant son statut d’œuvre majeure de l’Antiquité européenne.
Les détails de l’étude sont publiés dans Scientific Reports.