Doit-on réécrire l’histoire de la lignée humaine ?

Crédits : Ao, le dernier Néandertal

Il y a quelques années, les chercheurs pensaient que les humains avaient évolué à partir d’une seule population ancestrale – une interprétation qui ne résiste pas à l’épreuve du temps. L’histoire de l’évolution humaine, comme le suggère cette dernière recherche, est plus compliquée que cela.

Un nouveau travail de recherche publié dans Trends in Ecology & Evolution remet aujourd’hui en question l’idée prédominante selon laquelle notre espèce – Homo sapiens – est issue d’une unique population ancestrale et d’une seule région géographique en Afrique. En examinant certaines des dernières découvertes archéologiques, fossiles, génétiques et environnementales, une équipe d’experts internationaux dirigée par Eleanor Scerri, de l’école d’archéologie d’Oxford (Royaume-Uni), présente une histoire alternative de l’évolution humaine, suggérant que notre espèce serait issue de populations isolées et dispersées à travers l’Afrique.

« L’idée que les humains ont émergé d’une population et progressé de manière linéaire vers une apparence physique moderne est attrayante, mais malheureusement elle ne correspond plus très bien avec les informations disponibles », explique Eleanor Scerri. « Au contraire, il semble que les humains ont émergé au sein d’un ensemble complexe de populations dispersées à travers l’Afrique ». Ces groupes d’ancêtres humains se seraient alors développés indépendamment les uns des autres – car séparés par des barrières géographiques – jusqu’à ce que le changement climatique restructure le paysage et les rapproche, avant de les séparer à nouveau.

Ces périodes prolongées d’isolement auraient ainsi donné naissance à une variété surprenante de formes humaines et à un éventail varié de traits adaptatifs. Des épisodes occasionnels de croisements entre ces différentes populations semi-isolées auraient ensuite créé une métapopulation diverse d’êtres humains en Afrique, d’où notre espèce aurait émergé – elle est apparue il y a environ 300 000 ans. « Des populations isolées se sont réunies pour échanger des gènes et de la culture – deux processus inter-reliés qui ont façonné notre espèce », poursuit la chercheuse.

Des changements géographiques en Afrique auraient ici facilité la migration, en introduisant des opportunités de contact entre les groupes précédemment séparés. Ces derniers, après de longues périodes d’isolement, ont pu interagir et se croiser, se séparant parfois et subissant de nouvelles périodes d’isolement prolongé.

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