Doit-on maîtriser la chaleur du soleil pour lutter contre la sécheresse ?

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Des chercheurs désirent explorer une vieille idée afin de lutter contre les épisodes de sécheresse. Il s’agirait d’injecter des aérosols dans la stratosphère afin de maîtriser la chaleur du soleil. Néanmoins, cette méthode aurait ses limites et pourrait même poser certains problèmes majeurs.

Un risque de Day Zero réduit de 90 %

Courant 2018, la situation de la ville du Cap (Afrique du Sud) avait fait couler beaucoup d’encre. La population locale se préparait au Day Zero, le jour où cette ville n’aura plus d’eau dans ses robinets domestiques. Malheureusement, les épisodes de sécheresse sont si présents que plus une goutte d’eau ne tombe dans la région depuis déjà plusieurs années. Or, cette situation potentiellement dramatique pour des millions d’habitants a récemment inspiré une équipe de chercheurs provenant d’Afrique du Sud, mais également de Norvège et des États-Unis.

Dans leur compte rendu publié dans Environmental Research Letters le 18 novembre 2020, les scientifiques ont évoqué une idée aussi vieille que surprenante. Ces derniers désirent maîtriser la chaleur du soleil en injectant des aérosols dans la stratosphère, soit entre 10 et 50 km d’altitude. Selon eux, cette technique baptisée Stratospheric Aerosols Injection (SAI) pourrait réduire le risque de Day Zero de 90 %.

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Une solution simple pour maîtriser la chaleur du soleil, mais risquée

En théorie, contrôler les radiations solaires apparaît assez simple. Il s’agit d’envoyer des particules dans la stratosphère, par exemple du dioxyde de soufre (SO2). Ces particules réfléchiraient en partie les rayons du soleil et permettraient de préserver notre planète d’une partie des émissions de chaleur. Si cette idée parait séduisante sur le papier, les chercheurs responsables de l’étude ont tout de même émis des réserves. De plus, ces derniers estiment que le simple fait d’évoquer cette solution de géo-ingénierie témoigne de l’urgence actuelle à trouver des moyens de contrer le changement climatique.

Il est en effet possible que la méthode SAI ait ses limites et elle pourrait même causer des problèmes importants. La première de ces limites est qu’en cas de succès, l’humanité ne sera pas prête à redoubler d’efforts pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre. En effet, régler le problème avec une telle technique pourrait tenter tout le monde d’oublier à qui appartient cette lourde responsabilité.

Surtout, les chercheurs évoquent des inégalités insupportables entre les régions. En effet, certaines auront les moyens d’appliquer la méthode et d’autres seront trop pauvres pour y parvenir. Il y aura donc des « gagnants » et des « perdants », une situation potentiellement propice aux conflits majeurs. Sous réserve que la technique fasse rapidement l’objet d’un bannissement, celle-ci pourrait bien se retrouver dans les mains de quelques acteurs seulement .