Ce document prétendument écrit par Galilée est un faux

galilée
Crédits : Bibliothèque de l'Université du Michigan

Un document manuscrit prétendument écrit par Galilée était considéré comme un joyau de la collection de la bibliothèque de l’Université du Michigan. Une enquête interne a finalement révélé qu’il s’agissait d’un faux. Le filigrane du papier aurait été produit plus de cent ans après la mort du célèbre astronome.

L’oeuvre d’un faussaire

Un jour de 1610, Galilée (en italien : Galileo Galilei) regarde à travers son nouveau télescope et remarque quelque chose d’étrange : plusieurs objets brillants scintillant autour de Jupiter semblent changer de position la nuit. Son observation des lunes en orbite autour de la planète défia alors la notion largement répandue à l’époque que tout dans l’Univers tournait autour de la Terre. La découverte, condamnée par l’Église catholique, aida finalement à prouver la théorie d’un Système solaire centré sur le Soleil.

L’université du Michigan acquit un manuscrit lié à cette découverte en 1938 par le biais de Tracy McGregor, un homme d’affaires de Detroit qui avait lui-même obtenu le document lors d’une vente aux enchères d’un autre collectionneur en 1934. À l’époque, le catalogue de vente affirmait que le cardinal Pietro Maffi (1858-1931), l’archevêque de Pise, avait authentifié le document en le comparant avec d’autres lettres Galilée de sa collection.

Le haut du manuscrit présente un brouillon d’une lettre que Galilée écrite avant la présentation d’un nouveau télescope au Doge de Venise en 1609. Le célèbre astronome a vraiment écrit une version de cette lettre, un brouillon final est disponible dans les archives de l’État à Venise, en Italie. La moitié inférieure du document est un ensemble de notes sur les lunes de Jupiter. Le brouillon final de ces notes se trouve à la Bibliothèque centrale nationale de Florence, toujours en Italie.

Ainsi, pendant longtemps, la bibliothèque de l’Université du Michigan a prisé ce document, le décrivant comme l’un des grands trésors de sa collection. En réalité, ce bien ne serait que l’œuvre d’un faussaire du 20e siècle.

Galilée manuscrit
Crédits : Université du Michigan

Une histoire de filigrane

Selon le Times, nous devons cette révélation à Nick Wilding, un historien à la Georgia State University. Il y a quelques mois, il avait en effet relevé plusieurs bizarreries.

L’encre, l’écriture manuscrite et certains des choix de mots semblaient selon lui étranges pour un document du XVIIe siècle. Wilding a donc envoyé un e-mail à Pablo Alvarez, le conservateur de la bibliothèque de l’Université du Michigan, en mai 2022, pour lui faire part de ses préoccupations. Dès lors, l’Université du Michigan a lancé une enquête interne.

Trois mois plus tard, l’université a finalement annoncé que Wilding avait raison, évoquant un problème de filigrane. Le vieux papier contient en effet souvent des filigranes identifiant le fabricant du papier et le lieu de production. Celui sur le manuscrit indique « AS », les initiales du papetier, et « BMO », abréviation de Bergame, en Italie. Or, les premiers documents connus portant le monogramme BMO datent de 1770, ce qui signifie que le document ne peut pas être plus ancien.

D’après l’Université, le document n’aurait donc pas été rédigé par Galilée, mais par un certain Tobia Nicotra, un faussaire italien ayant opéré dans les années 1920 et 1930.