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Des dizaines d’enfants sacrifiés au cœur arraché retrouvés au Pérou

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Crédits : programme archéologique de Huanchaco

Les restes de dizaines d’enfants victimes de sacrifices ont été déterrés au Pérou. Et selon les anthropologues, beaucoup d’autres attendent encore probablement d’être découverts. D’après les analyses, le cœur de ces enfants aurait été prélevé après la mort. Les raisons de tels gestes restent inconnues, mais certains suggèrent un lien avec le climat et l’agriculture.

Il y a plusieurs mois, les corps de 137 enfants et 200 animaux déterrés au Pérou, à quelques kilomètres de la ville de Trujillo, représentaient l’un des plus grands sacrifices jamais enregistrés. Une équipe dirigée par l’anthropologue Gabriel Prieto, de l’Université de Floride, a déterré non loin de ce site les corps de 76 autres enfants sacrifiés.

Tous ont été enterrés en position allongée, les pieds vers l’est, au sommet d’un monticule artificiel. Pour l’heure, les chercheurs ignorent pourquoi. Une coupe transversale nette sur le sternum de chaque squelette laisse également à penser que la cage thoracique de toutes ces victimes a été ouverte après leur mort, probablement pour leur arracher le cœur.

Compte tenu de cette nouvelle découverte macabre et de celles déjà enregistrées dans la région par le passé, les chercheurs pensent que beaucoup d’autres sacrifices d’enfants attendent encore d’être déterrés.

Une datation au radiocarbone doit encore être effectuée sur les 76 squelettes nouvellement découverts (une demande a été faite auprès du ministère de la Culture du Pérou), mais des victimes précédemment trouvées à proximité dataient d’entre 1100 et 1200 apr. J.-C.. À cette époque, le peuple Chimù prospérait dans la région.

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Crédits : programme archéologique de Huanchaco

Un lieu avec le climat ?

La raison pour laquelle les Chimu se seraient livrés à des sacrifices d’enfants n’est pas encore très claire. En effet, l’écriture n’était pas encore utilisée au Pérou à cette époque, ce qui signifie qu’aucun document ne décrit la pratique ni ses raisons. Néanmoins, certains spécialistes suggèrent qu’ils servaient à « sanctifier » le système agricole de la région.

« Je pense que la raison des sacrifices était probablement liée d’une manière ou d’une autre à une réponse aux changements environnementaux qui ont provoqué d’importants bouleversements culturels« , explique la bioarchéologue Catherine Gaither. « Il peut y avoir eu des associations avec des événements comme El Niño, par exemple« .

Pour rappel, El Niño est un cycle climatique dans lequel l’eau chaude de l’océan Pacifique se rapproche de l’Amérique du Sud, provoquant des changements dans le temps. Ce phénomène est aujourd’hui reconnu comme l’un des moteurs de la variabilité climatique à l’origine d’impacts sociaux importants et divers.

Nous savons en effet que la culture Chimú prospérait certes grâce à la ferronnerie, mais aussi, et surtout grâce à son agriculture intensive. On arrosait à l’époque les cultures et on abreuvait le bétail avec un réseau sophistiqué de canaux hydrauliques. Nous pourrions donc imaginer qu’un événement extrême comme El Niño aurait pu provoquer des ravages dans ces cultures, poussant les membres de la société Chimú à sacrifier enfants et animaux pour apaiser la « colère des dieux ».

De nos jours, certains habitants des hauts plateaux péruviens et de la Bolivie sacrifient encore des lamas et arrachent leurs cœurs avant de les brûler.

Brice Louvet, expert espace et sciences

Rédigé par Brice Louvet, expert espace et sciences

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.