Aujourd’hui, la résistance aux antibiotiques est une véritable question de santé publique. Afin de mieux lutter contre les « superbactéries », des chercheurs australiens ont cependant mis au point une méthode non médicamenteuse : un matériau en titane inspiré des insectes.
Les mécanobiocides sont la clé contre les superbactéries
Depuis quelques années, la résistance aux antibiotiques (ou antibiorésistance) est une importante source de préoccupation. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a même alerté le monde et a notamment estimé à 10 millions le nombre de personnes pouvant perdre la vie pour cette raison d’ici à 2050. Des scientifiques de l’Institut royal de technologie de Melbourne (Australie) ont récemment élaboré un moyen non médicamenteux de venir à bout de certains microbes.
Leur étude publiée dans la revue Advanced Materials Interfaces le 17 août 2023 évoque le ciblage de bactéries résistantes aux antibiotiques et notamment capables de causer des infections nosocomiales. Ces dernières se contractent généralement au cours d’un séjour dans un établissement de santé. Elles s’expliquent par des « superbactéries », désormais considérées comme les bêtes noires des hôpitaux. Ces infections sont en effet multirésistantes et peuvent conduire à ce que l’on appelle une impasse thérapeutique.
Dans le cadre de leurs recherches, les scientifiques australiens ont focalisé leur attention sur des structures naturelles que l’on retrouve sur les ailes de certains insectes tels que les cigales, les libellules et les demoiselles. Sur leurs ailes, de minuscules piliers jouent le rôle de « mécanobiocide ». Ces piliers sont en effet capables d’arracher physiquement les cellules bactériennes, et donc de les tuer.
Bientôt de nouvelles surfaces antimicrobiennes ?
Les chercheurs ont tenté de créer une sorte de mécanobiocide artificiel. Pour ce faire, ils ont élaboré une surface de titane recouverte de pointes microscopiques, dont la taille est équivalente à celle d’une cellule bactérienne. Les pointes ont été obtenues grâce à une technique spéciale : la gravure au plasma.

Dans le cadre de leur étude, les chercheurs ont testé leur dispositif sur des levures du genre Candida, habituellement capables de provoquer des infections superficielles au niveau des muqueuses et de la peau, ainsi que des infections viscérales. Or, pas moins de la moitié des cellules bactériennes ont été tuées après leur entrée en contact avec les pointes. Toutefois, l’autre moitié ont reçu suffisamment de blessures pour ne pas pouvoir provoquer d’infection, ni même se reproduire.
Pour les scientifiques, la mort des cellules par rupture ou par mort cellulaire programmée causée par les pointes laisse penser que la résistance des bactéries ne pourra pas se développer. Ainsi, la manière d’élaborer les surfaces antimicrobiennes pourrait être repensée à l’avenir.