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Doit-on souhaiter la disparition des voitures individuelles plutôt que le passage au tout électrique ?

trottinette
Crédits : SeventyFour / iStock

Certains spécialistes estiment que supprimer les voitures à moteur thermique au profit de la voiture électrique n’est pas vraiment une solution. Un moyen bien plus radical existe : bannir toutes les automobiles individuelles. Mais doit-on vraiment rêver d’un tel monde ?

Voitures électriques vs thermiques

La voiture électrique tient une place de choix dans le cadre de la transition énergétique pour lutter contre le dérèglement climatique. La Commission européenne a notamment annoncé pas moins de 30 millions de véhicules électriques en 2030. Toutefois, si ces véhicules n’émettent pas de gaz à effet de serre (GES) durant leur utilisation, leur fabrication a évidemment un bilan carbone non négligeable. De plus, outre l’utilisation massive de terres rares, aucune solution viable de recyclage n’est actuellement en Å“uvre pour les batteries, malgré plusieurs projets prometteurs.

Rappelons au passage qu’en France, le secteur des transports contribue à environ 30 % des émissions de gaz à effet de serre. De plus, les voitures individuelles sont responsables d’environ 1/6e de la contribution française au changement climatique (15,7 %). Elles polluent par ailleurs davantage que l’ensemble des poids lourds (6,3 %) et autres véhicules utilitaires (5,8 %). Or, cette situation concerne non pas seulement la France, mais le monde entier avec évidemment des différences entre les pays.

Et si la solution était de bannir totalement la voiture individuelle, que celle-ci soit électrique ou thermique ? En théorie, l’idée peut séduire, mais les obstacles sont très nombreux, comme l’explique l’essayiste Andrea Coccia dans son ouvrage Contre la voiture (2021).

voiture électrique recharge
Crédits : coffeekai / iStock

Judicieux, mais difficile à mettre en place

En France, environ neuf citoyens sur dix possèdent une ou plusieurs voitures et un tiers d’entre eux en ont absolument besoin pour se déplacer dans leur vie quotidienne. De plus, la voiture individuelle reste encore aujourd’hui un important marqueur social, malgré les efforts mis en Å“uvre pour en réduire l’usage. Ces dernières décennies, de nombreux quartiers résidentiels sont devenus entièrement piétons. De plus, les réseaux de pistes cyclables ainsi que les transports en commun se sont largement développés tout comme certains autres moyens de mobilité douce, dont la très controversée trottinette.

En réalité, le problème de la voiture n’est pas son existante à proprement parler, mais le caractère individuel de son usage. Ainsi, le covoiturage et surtout le car-sharing sont d’intéressants moyens de valoriser ce moyen de transport et certaines entreprises l’ont parfaitement compris, comme Citiz, Getaround, Ouicar ou encore Ubeeqo. Or, ce genre de solution concerne surtout les zones à forte densité urbaine où la quantité de places de stationnement est restreinte et où la pollution se concentre. Autrement dit, il serait plus judicieux de s’attaquer au concept même de voiture individuelle plutôt que de vouloir à tout prix remplacer les automobiles thermiques par des automobiles électriques. En attendant, la voiture individuelle est en place depuis plus d’un siècle et les alternatives crédibles tardent à apparaître.