Selon une étude américaine récente, la présence d’arbres en ville a un impact positif sur la réussite scolaire d’élèves, plus particulièrement ceux qui proviennent de milieux défavorisés. À Chicago, des chercheurs ont analysé les conséquences de la disparition d’une partie de ces arbres en une dizaine d’années.
Les arbres, les coléoptères et l’éducation
Ces dernières années, de nombreuses études ont montré l’existence d’un lien entre la présence de végétation et une vie plus agréable en zone urbaine. S’il est souvent question d’un assainissement de l’air ambiant et d’une capacité naturelle de refroidissement face aux épisodes caniculaires, un autre aspect est parfois mentionné : le bien-être des habitants. Or, une étude parue dans la revue Global Environmental Change en décembre 2024 aborde une des composantes de ce bien-être : l’éducation.
Un duo de chercheurs de l’Université de l’Utah (États-Unis) explique en effet avoir démontré l’impact positif de la présence d’arbres sur la réussite scolaire d’élèves à Chicago, principalement ceux issus des milieux défavorisés. Or, les auteurs se sont intéressés à la disparition progressive du frêne, l’espèce d’arbre non invasive la plus répandue dans la région qui représente tout de même 18 % des arbres d’alignement, soit 85 000 spécimens.
Entre 2010 et 2020, la moitié des frênes de Chicago ont disparu en raison de l’arrivée et de la multiplication de l’agrile du frêne (Agrilus planipennis), un coléoptère originaire d’Asie. L’insecte pond ses œufs sous l’écorce des arbres, puis les larves se nourrissent du cambium. Cela a pour effet de stopper la circulation de la sève et causer la mort de l’arbre. Les arbres survivants ont quant à eux entamé une phase de déclin.

Des zones défavorisées davantage impactées
Pour les auteurs de l’étude, la situation a permis de comprendre les conséquences de la disparition de ces arbres sur le système éducatif. Une méthodologie inédite a vu le jour. Elle croisait des images satellites avec des tests scolaires standardisés à l’échelle de l’État de l’Illinois. Les chercheurs ont suivi l’évolution d’élèves entre la troisième et la huitième année (du CE2 à la 4e) entre 2003 et 2012, lorsque le coléoptère commençait son travail de destruction. Selon les résultats, il existe une corrélation directe entre la perte des arbres et les résultats scolaires des élèves. Il est question d’une baisse moyenne de 1,22 % aux tests, une diminution seulement observée dans les zones défavorisées où les frênes ont péri. Par ailleurs, si cette baisse semble très faible, les répercussions sur la population ne sont pas négligeables.
Dans les quartiers défavorisés, la couverture arborée est généralement plus faible. Ces zones ont été moins touchées par l’arrivée des insectes. Néanmoins, la disparition des arbres a été plus difficile pour ces élèves qui disposent de moins de ressources pour supporter des températures extrêmes ou encore les maux de tête induits par la pollution atmosphérique. Autrement dit, il n’est pas seulement question d’un impact sur le bien-être psychologique.
Enfin, l’étude laisse penser que la répartition des arbres en ville représente une question sociale autant qu’environnementale. Néanmoins, il conviendrait de mener des recherches dans d’autres villes afin d’identifier des tendances générales, malgré les spécificités de chaque contexte urbain et de leur population.