Une récente étude suggère que la chute du fragment d’astéroïde il y a 66 millions d’années se serait accompagnée d’un vaste épanchement de pétrole. La suie émanant des incendies qui s’en suivirent aurait alors amplifié l’effet sur le climat de la Terre, ne laissant aucune chance aux dinosaures.
L’ordre du monde changea soudainement il y a environ 66 millions d’années. L’impact d’un petit corps céleste couplé à de grandes éruptions volcaniques a très probablement provoqué l’extinction des dinosaures. Mais les détails de cette partie de l’Histoire restent encore à préciser.
Il y a six ans, Mark Harvey et Simon Brassell, géologues à l’université Bloomington (Indiana, États-Unis), proposaient l’idée que la chute du fragment d’astéroïde ayant creusé le cratère du Yucatan s’était accompagnée d’un vaste épanchement de pétrole. L’identification dans la couche KT (la limite séparant le crétacé du tertiaire) de cénosphères (de la suie), laissait tout d’abord sous-entendre que des forêts avaient pris feu, suite aux retombées de roches en fusion, ce qui aurait donc bien injecté de grandes quantités de suies dans l’atmosphère.
Mais l’analyse des particules de cénosphères amena alors les chercheurs à la conclusion que cette suie provenait, certes, en partie des feux de forêt, mais aussi et surtout d’un gisement de pétrole. D’ailleurs, le fameux cratère se situe non loin du champ pétrolifère Cantarell, l’un des plus grands gisements offshores du monde. Des cénosphères ont été retrouvées dans la couche KT un peu partout sur le globe, mais curieusement, leur taille augmente au fur et à mesure que l’on se rapproche du cratère de Chicxulub. On pouvait donc en conclure que l’énorme rocher de 10 km de diamètre avait probablement atteint des roches riches en pétrole, provoquant la libération de ces hydrocarbures qui, une fois brûlés, auraient augmenté l’effet sur l’environnement et le climat de la Terre.
L’idée, reprise par une équipe de chercheurs japonais, se précise encore six ans plus tard. En utilisant des modèles climatiques, ils sont arrivés à la conclusion que la suie produite par les incendies se serait répandue dans la troposphère, la partie basse de l’atmosphère, alors que celle due à la combustion du pétrole s’était élevée dans la stratosphère. La suie de la troposphère retombant rapidement sur le sol du fait des pluies, son impact fut moindre. Mais on ne peut en dire autant de celle élevée dans la stratosphère. Stagnant durant plusieurs années, celle-ci aurait alors obstrué l’atmosphère, entravant le rayonnement solaire au sol, perturbant la photosynthèse et refroidissant le climat.
Selon les données, la lumière du soleil aurait alors été réduite de 50% à 90%, et la température globale aurait refroidi de 6 ° C à 18 ° C. La photosynthèse aurait également fortement diminué dans les océans durant les deux premières années et la température de l’eau aurait ensuite baissé en surface les années suivantes, entraînant la disparition des ammonites et des grands reptiles marins du Crétacé.
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