Une récente étude appuyée sur des modélisations informatiques suggère que le règne des dinosaures avait déjà commencé à se fragiliser environ dix millions d’années avant l’impact de l’astéroïde, il y a 66 millions d’années.
Il y a 66 millions d’années, une roche d’environ dix kilomètres de diamètre touchait notre planète, au large du Mexique. L’explosion, dont la puissance aurait été équivalente à dix milliards de bombes atomiques, bouleversa le cours de l’Histoire, menant plus de 75 % des êtres vivants à l’extinction, dont les dinosaures non aviens.
Cet impact n’a laissé aucune chance aux dinosaures. D’après une étude publiée en 2017, cet astéroïde aurait en effet percuté une zone de mer peu profonde sous laquelle gisaient de vastes réservoirs d’hydrocarbures et de gypse. Or, il y a 66 millions d’années, seul 13 % de la surface de la Terre contenait suffisamment de ces « bidons d’essence » pour conduire à une telle extinction. Les nuages toxiques ont embrasé le ciel, les rayons du Soleil ont été bloqués, et la photosynthèse a cessé d’opérer.
Mais ce n’est pas tout. D’après des simulations informatiques menées il y a deux ans, cet astéroïde aurait également impacté la zone ciblée sous le pire angle possible (environ 60 degrés au-dessus de l’horizon). Cet angle d’approche, expliquent les chercheurs, aurait en effet maximisé la quantité de gaz changeants projetés dans la haute atmosphère.
Il est donc aujourd’hui établi qu’un astéroïde a précipité l’extinction des dinosaures non aviens il y a 66 millions d’années. Mais comment se portaient ces animaux avant cet événement ?
Des écosystèmes déjà fragilisés
Les paléontologues ont longtemps débattu sur le sujet. Une nouvelle étude publiée dans Nature Communications suggère que ces créatures étaient déjà en déclin environ dix millions d’années avant l’impact de l’objet.
«Nous avons examiné les six familles de dinosaures les plus abondantes à travers l’ensemble du Crétacé, couvrant de 150 à 66 millions d’années il y a quelques années, et j’ai constaté qu’ils évoluaient tous, s’étendaient et connaissaient clairement du succès», explique Fabien Condamine, chercheur CNRS de l’Institut des Sciences de l’Evolution de Montpellier.
«Puis, il y a 76 millions d’années, ils montrent un ralentissement soudain. Leurs taux d’extinction ont augmenté et, dans certains cas, le taux d’origine de nouvelles espèces a également chuté».
Pour ces travaux, les chercheurs se sont appuyés sur des techniques de modélisation bayésienne. Ces dernières ont permis de prendre en compte plusieurs incertitudes telles que des archives fossiles incomplètes ou des incertitudes sur la datation. Ces modèles ont également été exécutés des millions de fois pour examiner toutes ces sources d’erreur possibles.
D’après ces analyses, les espèces phytophages (qui se nourrissaient de végétaux) auraient commencé disparaître en premier, fragilisant finalement le reste des écosystèmes.
Changement de domination
Les chercheurs ont également exploré différentes causes ayant possiblement entraîné le déclin des dinosaures.
«Il est devenu clair qu’il y avait deux facteurs principaux», explique Mike Benton, de l’Université de Bristol et co-auteur de ces travaux. «D’une part, le climat général devenait plus frais, ce qui rendait la vie plus difficile pour les dinosaures qui dépendaient probablement des températures chaudes. Ensuite, la perte d’herbivores a rendu les écosystèmes instables, entraînant finalement une cascade d’extinction».
Les chercheurs ont également constaté que les espèces de dinosaures à plus longue durée de vie étaient les plus fragiles, reflétant peut-être «qu’elles ne pouvaient pas s’adapter aux nouvelles conditions sur Terre».
Il y a 66 millions d’années, les dinosaures étaient donc visiblement déjà menacés. L’astéroïde n’aurait alors porté que le coup de grâce. Pendant ce temps, d’autres groupes ont entamé leur ascension vers la domination, y compris les mammifères.