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La diminution de la couverture nuageuse mondiale, une nouvelle menace pour la Terre

Une étude qui réunissait des chercheurs de plusieurs pays décrit un phénomène récent source d’inquiétude : la diminution de la couverture nuageuse mondiale. Or, ce phénomène s’impose un peu plus chaque année et pourrait malheureusement amplifier le réchauffement climatique.

Une couverture nuageuse globale en baisse de 1,5 % par an

Depuis environ deux décennies, divers chercheurs, notamment à la NASA, surveillent un phénomène très préoccupant. En effet, ils observent un déséquilibre de plus en plus grand entre l’énergie solaire qui pénètre l’atmosphère de la Terre et celle qui en sort. Les émissions de gaz à effet de serre (GES) expliquent cette anomalie en partie. Néanmoins, l’ampleur de ce phénomène restait encore méconnue jusqu’à la parution d’une étude dans la revue Surveys in Geophysics en mai 2024.

Si ces recherches sont passées relativement inaperçues lors de leur parution, les conclusions des chercheurs du NASA Langley Research Center, du NOAA/Pacific Marine Environmental Laboratory (États-Unis), de l’Université de Reading (Royaume-Uni) et de l’Université de Toulouse (France) sont à prendre au sérieux. Selon les scientifiques, la couverture nuageuse baisserait en effet de 1,5 % chaque année à l’échelle mondiale.

S’il s’agit d’une diminution lente, elle est néanmoins constante et deux zones en particulier sont concernées. La première est une bande située près de l’Équateur et qui se forme par la convergence des vents des hémisphères nord et sud. La seconde se trouve quant à elle plutôt dans les latitudes moyennes où la formation des systèmes nuageux provient des courants-jets.

Les systèmes de circulation atmosphérique changent

En analysant des images satellites prises durant les 35 dernières années, les auteurs de l’étude ont à la fois observé un rétrécissement progressif de ces bandes nuageuses équatoriales et un déplacement vers les pôles des trajectoires des tempêtes aux latitudes moyennes. Autrement dit, la formation des nuages se limite et la couverture globale baisse. Par ailleurs, l’installation du phénomène sur une longue durée et de manière constante permet d’écarter la possibilité l’hypothèse d’une simple variation naturelle.

Il faut dire que 80 % des variations de la réflectivité atmosphérique (le retour d’une partie de la lumière vers l’espace) proviennent de la réduction de la couverture nuageuse globale. Pour les auteurs, la principale raison de cette anomalie n’est autre que la modification profonde des systèmes de circulation atmosphérique. Or, ces courants sont très importants, car ils définissent les climats mondiaux, et toute modification peut altérer la formation et la répartition des nuages.

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Selon les experts, cette découverte ne permet pas seulement de mieux comprendre le réchauffement climatique actuel. En effet, elle implique aussi de penser différemment les futures projections climatiques.

Un véritable cercle vicieux

Il s’avère que les chercheurs ont une énigme de taille à résoudre et celle-ci concerne l’océan Pacifique. Les actuels modèles climatiques prédisent un réchauffement rapide de sa partie est, mais les observations des auteurs de l’étude montrent au contraire un refroidissement de la zone et donc, un renforcement des vents. Il s’agit là d’une contradiction encore inexpliquée, d’autant que d’autres observations montrent un affaiblissement du reste de la circulation atmosphérique.

La crainte actuelle est donc relative à ce phénomène qui pourrait être un mécanisme de rétroaction climatique d’une ampleur sans précédent. Autrement dit, il s’agirait d’un véritable cercle vicieux pouvant à terme accélérer un réchauffement climatique qui devient non seulement plus rapide, mais aussi, plus intense.

Yohan Demeure, expert géographe

Rédigé par Yohan Demeure, expert géographe

Licencié en géographie, j’aime intégrer dans mes recherches une dimension humaine. Passionné par l’Asie, les voyages, le cinéma et la musique, j’espère attirer votre attention sur des sujets intéressants.