Dilemme canin : les chiens préfèrent-ils nos louanges ou la nourriture ?

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Lorsqu’ils ont le choix, beaucoup de chiens préfèrent les éloges de leur propriétaire à la nourriture. C’est en tout cas ce que suggère une récente étude qui combine pour la première fois des données d’imagerie cérébrale avec des expériences comportementales pour explorer les préférences de fidélité canine.

«Nous essayons de comprendre les bases de la liaison chien-humain ; si elle est principalement basée sur la nourriture, ou sur la relation en elle-même», explique Gregory Berns, neuroscientifique à l’Université Emory et auteur principal de la recherche.

Les chiens ont été au centre des plus célèbres expériences de conditionnement classique menées par Ivan Pavlov, au début des années 1900. L’homme avait montré que si les chiens étaient formés pour associer un stimulus avec de la nourriture, les animaux salivaient à la simple présence de ce stimulus, en prévision de la nourriture.

« Une théorie suggérait alors que les chiens n’étaient motivés que par la nourriture, et que leur propriétaire était tout simplement le moyen de l’obtenir», explique le chercheur. « Une autre, plus courante, défend au contraire le fait que les chiens apprécient réellement le contact humain en soi ».

Gregory Berns dirige le Dog Project, qui fut le premier à former des chiens pour entrer volontairement dans des scanners en restant immobile pendant le balayage, sans retenue ou sédation. Dans des recherches antérieures, ils avaient également identifié que l’une des régions clés du cerveau : le noyau caudé, réagissait plus fortement aux senteurs familières du propriétaire, comparé aux parfums des autres humains, ou même à ceux de chiens familiers.

Pour cette expérience, les chercheurs ont commencé par former les chiens en associant trois jouets différents à trois résultats différents. Un camion rose signifiait une récompense alimentaire; un chevalier bleu donnait droit à une louange verbale du propriétaire; et une brosse à cheveux ne signifiait aucune récompense.

Les chiens ont ensuite été testés sur les trois objets tout en étant scannés dans une machine IRM. Chaque chien, 15 au total, a subi 32 essais pour chacun des trois objets et leur activité neuronale a été enregistrée.

Dans un premier temps, tous les chiens ont montré une activation neuronale plus forte pour les stimuli de récompense par rapport au stimuli qui ne signifiait aucune récompense. Quatre des chiens ont montré une activité particulièrement forte pour le stimuli qui marquait les éloges de leurs propriétaires. Neuf des chiens ont montré la même activation neuronale à la fois pour le stimuli de la louange et celui de la nourriture. Pour finir, seulement deux chiens se sont toujours montrés actifs uniquement pour la nourriture.

Les chiens ont ensuite subi une expérience comportementale. Chaque animal a été familiarisé avec une chambre qui contenait un labyrinthe simple, en forme de Y, construit avec des portes de bébé. Au moment de la bifurcation, l’un des chemins menait à un bol de nourriture et l’autre au propriétaire du chien. Ce dernier a ensuite été libéré à plusieurs reprises dans la chambre, se laissant le choix de choisir l’un des chemins, sachant que s’il venait à son propriétaire, le chien était félicité.

« Nous avons constaté que la réponse de chaque chien dans la première expérience était en corrélation avec leurs choix dans la seconde expérience, » dit Berns. « Les chiens sont des individus, et leurs profils neurologiques correspondent aux choix comportementaux qu’ils font. La plupart des chiens alternaient entre la nourriture et le propriétaire, mais les chiens avec la réponse neurale la plus forte ont choisi d’aller vers leurs propriétaires dans 80 à 90 pour cent des cas. Cela montre l’importance de la récompense sociale pour les chiens ».

La réaction des chiens pourrait donc être analogue à la façon dont nous, les humains, nous sentons lorsque quelqu’un nous félicite. « Les chiens sont hypersociables avec les humains, » terminent les chercheurs « et leurs rapports avec les Hommes en font un modèle unique pour l’étude du lien social inter-espèces ».

Par ailleurs, notons que le laboratoire étudie actuellement la capacité des chiens à traiter et à comprendre le langage humain.

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