Loutres de mer, baleines à bosse, ours polaires… nombreux sont les animaux à disparaître mystérieusement en Alaska. La vétérinaire Kathy Burek se rend sur place pour comprendre les causes de ces morts en séries très importantes pour l’homme.
Kathy Burek est la vétérinaire qui étudie avec son équipe les causes des morts en séries qui touchent les différentes espèces animales en Alaska. Son travail consiste à trouver les causes, mais également identifier les nouveaux agents pathogènes libérés dans ce qu’elle appelle « la vaste décongélation » que représente le réchauffement climatique.
Comme elle l’explique dans le magazine Outside Online, trouver les causes de ces disparitions a une importance capitale. D’abord parce que voir disparaître une espèce animale n’est pas réjouissant, mais surtout parce que cela bouleverse l’équilibre mondial des écosystèmes. Par ailleurs, l’homme est également directement concerné, 75 % des infections qui le touchent proviennent des animaux. Ainsi, comme le suggère Chrisopher Solomon, l’auteur de l’article, le destin de ces espèces est peut-être aussi celui de l’homme : « Les otaries plongent dans la même eau dans laquelle évoluent, jouent et travaillent les humains. Elles mangent les mêmes fruits de mer que nous ».
De plus, comme l’explique Mike Brubaker, directeur de la santé et de l’environnement à l’Alaska Native Tribal Health, ces animaux qui disparaissent représentent environ 80 % de l’alimentation des populations de l’Alaska. L’impact sur l’homme est ici direct et immédiat.
Les causes de ces vagues de disparition chez ces animaux restent floues pour la vétérinaire. Par exemple, en 2015, 304 otaries sont mortes dans la baie de Kachemak, soit cinq fois plus que la moyenne habituelle. Kathy Burek a alors constaté que plusieurs virus se trouvant habituellement sur le territoire américain, à des latitudes bien plus basses, se sont développés dans le Grand Nord. Mais comprendre comment ces virus sont apparus dans le Nord est difficile, d’autant plus que les moyens manquent. « Beaucoup d’études se focalisent sur ce qui se passe pour les tropiques à cause du réchauffement climatique ou sur ce qui se passera pour les climats tempérés. Beaucoup moins se concentrent sur ce qui arrivera – en fait, ce qui est déjà en train d’arriver – sous les plus hautes latitudes, et à ceux qui vivent là-bas ».
Le réchauffement climatique est bien entendu au cœur du problème, les deux dernières années écoulées qui ayant été les plus chaudes jamais enregistrées. Pour Peter Boreng, membre de l’Alaska Fish Center Science, le manque de glace empêche notamment les animaux de développer une fourrure suffisamment fournie pour les protéger des infections. Ces dernières se propagent donc beaucoup plus facilement.
Apparition d’acide domoïque provoquant des intoxications alimentaires et provenant d’algues présentes en Arctique, apparition de cinq nouvelles espèces de tiques dans les mêmes régions sont tout autant de nouveaux problèmes qui touchent les espèces du Grand Nord et si les scientifiques n’ont aucun doute sur la cause principale de tout cela, le prouver est un autre défi. « Il paraît difficile de croire que nombre de ces changements ne sont pas dus à ce qui se passe pour l’environnement. Le problème, c’est de le prouver ».