Quelles sont les différentes techniques de datation des fossiles ?

Whatcheeria deltae prédateur
Un crâne fossile de Whatcheeria deltae , montrant les nombreuses dents acérées du tétrapode. Crédits : Kate Golembiewski, Musée de Field

L’Ă©tude des fossiles (des restes ou des traces d’ĂŞtres vivants du passĂ© conservĂ©s dans des roches et des sĂ©diments) est essentielle pour comprendre l’Ă©volution de la vie sur Terre. Pour dĂ©terminer leur âge, les scientifiques utilisent plusieurs mĂ©thodes de datation. Voici les principales.

La datation relative

Cette mĂ©thode utilise la position relative des fossiles dans les couches de sĂ©diments pour dĂ©terminer leur âge approximatif. Elle est basĂ©e sur le principe de la superposition : lorsque les sĂ©diments se dĂ©posent, les couches les plus anciennes se retrouvent en bas et les plus rĂ©centes en haut. Les fossiles contenus dans ces couches sont donc Ă©galement datĂ©s en fonction de leur position relative dans les couches de sĂ©diments. Selon cette logique, un fossile trouvĂ© dans une couche plus profonde que celle d’un autre fossile est probablement plus ancien que ce dernier.

Cependant, comme son nom l’indique, la datation relative ne permet pas de donner une date prĂ©cise pour un fossile, mais seulement de situer son âge dans une pĂ©riode de temps relative Ă  d’autres fossiles. Elle reste nĂ©anmoins utile pour Ă©tablir des sĂ©quences chronologiques. Pour obtenir une datation plus prĂ©cise, il est nĂ©cessaire d’utiliser des mĂ©thodes de datation absolue comme les datations radiomĂ©triques.

Elles permettent de dĂ©terminer l’âge d’un fossile en dĂ©terminant la quantitĂ© d’isotopes radioactifs prĂ©sents dans celui-ci. Ces isotopes sont dits radioactifs, car ils sont instables et peuvent donc se dĂ©composer en Ă©mettant un rayonnement pour finalement se transformer en isotopes stables. Nous savons que les isotopes radioactifs se dĂ©sintègrent Ă  un taux constant et prĂ©visible au fil du temps. Les chercheurs peuvent ainsi calculer leur demi-vie, soit le temps nĂ©cessaire pour que la moitiĂ© des atomes se dĂ©sintègre naturellement. En considĂ©rant la quantitĂ© d’isotopes radioactifs restants dans un Ă©chantillon de fossile et en connaissant la demi-vie de l’isotope, les scientifiques peuvent estimer l’âge exact du fossile.

Le carbone 14

Il existe plusieurs mĂ©thodes radiomĂ©triques. La plus connue est la datation au carbone 14. Elle est utilisĂ©e pour dater les Ă©chantillons organiques tels que les fossiles de plantes ou d’animaux. Le carbone 14 est un isotope radioactif du carbone qui se forme naturellement dans l’atmosphère terrestre. Les plantes et animaux en absorbent pendant leur vie, en respirant et en mangeant. Après leur mort, la quantitĂ© de carbone 14 dans leur corps commence Ă  diminuer en se dĂ©sintĂ©grant lentement en azote 14 stable. La demi-vie du carbone 14 est d’environ 5 700 ans, ce qui signifie qu’après ce temps, la moitiĂ© du carbone 14 initial a Ă©tĂ© convertie en azote 14.

En considĂ©rant la quantitĂ© de carbone 14 restante dans un Ă©chantillon de fossile et en connaissant la demi-vie de l’isotope, les scientifiques peuvent ainsi estimer l’âge approximatif de l’Ă©chantillon. Cette mĂ©thode est utilisĂ©e pour dater des Ă©chantillons jusqu’Ă  environ 50 000 ans, ce qui la rend particulièrement utile pour les fossiles de la pĂ©riode quaternaire, y compris les fossiles d’humains prĂ©historiques.

Neandertal méthodes datation fossiles
Neandertal en pleine partie de chasse. Crédits : Science

Le potassium-argon

La datation par le potassium-argon (K-Ar) est une autre mĂ©thode de datation radiomĂ©trique utilisĂ©e cette fois pour dater les roches et les minĂ©raux. Elle se base sur la dĂ©sintĂ©gration radioactive du potassium-40 en argon-40, un processus qui a lieu Ă  un taux constant et prĂ©visible au fil du temps. La demi-vie du potassium-40 est d’environ 1,3 milliard d’annĂ©es, ce qui signifie qu’il faut environ 1,3 milliard d’annĂ©es pour que la moitiĂ© du potassium-40 initial se dĂ©sintègre en argon-40.

En utilisant des techniques de laboratoire sophistiquĂ©es, les scientifiques peuvent mesurer la quantitĂ© de potassium-40 et d’argon-40 dans un Ă©chantillon de roche ou de minĂ©ral et calculer l’âge de l’Ă©chantillon en utilisant la demi-vie du potassium -40. Cette mĂ©thode peut permettre de dater des Ă©chantillons de roches et de minĂ©raux qui ont des âges compris entre quelques milliers d’annĂ©es et des milliards d’annĂ©es. Elle est notamment particulièrement utile pour estimer l’âge les roches volcaniques, car le potassium-40 est abondant dans les cendres volcaniques et la lave. Elle est aussi utilisĂ©e sur les fossiles d’hominidĂ©s et d’autres fossiles trouvĂ©s dans des formations rocheuses.

La datation par l’uranium-thorium

La datation par l’uranium-thorium est une troisième mĂ©thode basĂ©e sur la dĂ©sintĂ©gration radioactive de l’uranium-238 en thorium-234 et de l’uranium-235 en thorium-231. Elle permet de dater les Ă©chantillons minĂ©raux tels que les coraux, les stalactites et les stalagmites.

Les coraux et les formations calcaires se forment en effet en absorbant de l’eau de mer qui contient de petites quantitĂ©s d’uranium. Au fil du temps, l’uranium se dĂ©sintègre en thorium qui est ensuite piĂ©gĂ© dans la structure cristalline du corail ou de la formation calcaire. En dĂ©terminant les quantitĂ©s d’uranium et de thorium contenues dans un Ă©chantillon, les scientifiques peuvent ainsi calculer l’âge de l’Ă©chantillon.

La datation par l’uranium-thorium est particulièrement utile pour dater des Ă©chantillons ayant une durĂ©e de vie de plusieurs centaines de milliers d’annĂ©es. Cette mĂ©thode est Ă©galement utilisĂ©e pour dater les formations calcaires dans les grottes. Or, cela peut fournir des informations sur les changements dans les niveaux d’eau souterraine, la tempĂ©rature et la composition chimique de l’eau au fil du temps. De manière gĂ©nĂ©rale, cette technique permet aux scientifiques de comprendre l’histoire gĂ©ologique et environnementale de la Terre.

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Crédits : Lohrelei/Pixabay

La thermoluminescence

La datation thermoluminescente est utilisĂ©e pour dĂ©terminer l’âge de certains matĂ©riaux tels que les cĂ©ramiques, les pierres, les briques et les tuiles qui ont Ă©tĂ© chauffĂ©es Ă  haute tempĂ©rature pendant leur fabrication ou leur utilisation. Cette mĂ©thode est basĂ©e sur le fait que les cristaux dans ces matĂ©riaux accumulent de l’Ă©nergie lorsqu’ils sont exposĂ©s Ă  des rayonnements ionisants, tels que les rayons cosmiques et les rayons gamma, prĂ©sents dans l’environnement.

Lorsque les matĂ©riaux sont chauffĂ©s, l’Ă©nergie est libĂ©rĂ©e sous forme de lumière dans un processus appelĂ© « thermoluminescence », d’oĂą le nom de la technique. En fonction de la quantitĂ© de lumière Ă©mise par un Ă©chantillon lorsqu’il est chauffĂ© Ă  une tempĂ©rature spĂ©cifique, les scientifiques peuvent dĂ©terminer la quantitĂ© d’Ă©nergie obtenue par les cristaux dans l’Ă©chantillon depuis sa dernière exposition Ă  la chaleur.

La datation thermoluminescente permet donc d’Ă©valuer l’âge d’un matĂ©riau en dĂ©terminant le temps Ă©coulĂ© depuis sa dernière exposition Ă  la chaleur. Cette mĂ©thode peut servir pour dater des matĂ©riaux chauffĂ©s Ă  des tempĂ©ratures allant jusqu’Ă  environ 500 °C. Elle peut par ailleurs fournir des âges allant jusqu’Ă  environ 500 000 ans.

La datation par résonance de spin électronique

On termine avec une autre mĂ©thode : la datation par rĂ©sonance de spin Ă©lectronique. Elle utilise la mesure des niveaux d’Ă©nergie des Ă©lectrons piĂ©gĂ©s dans les matĂ©riaux pour dĂ©terminer leur âge. Cette mĂ©thode permet de dater les dents, les os, les coquilles d’oeufs, les grains de quartz ou encore les minĂ©raux tels que la calcite.

Lorsque les rayons cosmiques frappent la Terre, ils créent en effet des électrons piégés dans les minéraux et les matériaux organiques. On retrouve alors ces électrons dans les imperfections du cristal comme les défauts de couleur ou les cavités des matériaux organiques. Ils ont alors une énergie spécifique qui peut être mesurée en utilisant la résonance de spin électronique.

La datation par rĂ©sonance de spin Ă©lectronique peut ĂŞtre utilisĂ©e pour dater des Ă©chantillons qui ont un âge compris entre environ 50 000 ans et 2,5 millions d’annĂ©es. Cette mĂ©thode est particulièrement utile pour estimer l’âge des dents et des os fossiles d’animaux prĂ©historiques ainsi que des coquilles d’Ĺ“ufs fossiles. Elle peut Ă©galement servir Ă  Ă©tudier les processus environnementaux et gĂ©ologiques.