Diagnostiquer Alzheimer avant l’arrivée des premiers symptômes

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L’institut Pitié-Salpêtrière à Paris réalise une étude visant à déceler la maladie d’Alzheimer avant les premiers symptômes. Cette étude nommée Insight regroupe plus de 400 volontaires qui seront suivis régulièrement jusqu’en 2020 minimum.

Plus de 400 personnes d’au moins 70 ans participent à cette étude. Toutes ont des problèmes de mémoire : pertes de clefs, oublis, mais aucun trouble cognitif c’est-à-dire que les problèmes n’ont pas une origine cérébrale. Le but de cette étude est de trouver des biomarqueurs permettant le diagnostic de la maladie avant l’arrivée des premiers symptômes.  Les volontaires vont donc être suivis jusqu’en 2020 minimum. Ils doivent passer des tests complets 2 fois par an pendant 5 ans. Les scientifiques pourront alors comparer les tests des personnes atteintes par la maladie et ceux des personnes saines.

Les premiers tests sont des tests neuropsychologiques, des tests de la mémoire, de l’attention, de fonctions instrumentales, de fonctions de la parole, de fonctions gestuelles et de fonctions exécutives. Ces tests sont observés et analysés par la neuropsychologue Marie Ghetto. Elle explique que « certains troubles sont tout à fait normaux au cours du vieillissement, alors que d’autres doivent alerter ». Parmi les troubles « anormaux », il y a l’amnésie antérograde, c’est le fait de ne pas arriver à mémoriser un apprentissage récent. Ce trouble de la mémoire correspond au premier stade clinique.

Le deuxième test consiste en une prise de sang qui sera envoyée puis analysée au laboratoire de l’institut du cerveau et de la moelle épinière (ICM). Plusieurs prélèvements sont déjà stockés. « Lorsqu’un cas d’Alzheimer se sera déclaré, les échantillons de sang de la personne concernée seront analysés pour trouver des signatures biochimiques afin de développer un outil de diagnostic et de pronostic, mais aussi d’identifier de nouvelles hypothèses de mécanismes de la maladie » déclare Marie-Claude Potier, docteure dans le service où sont analysés les échantillons.

Le troisième test est un EEG (Electro-Encéphalogramme) réalisé à partir de 256 électrodes reparties sur la tête du patient. « La maladie d’Alzheimer modifie l’EEG au repos et en cours d’exercice. Ces changements sont dus à la perte de matière grise et des connexions ». Ce test pourrait détecter des symptômes précoces même s’ils sont subtils.

Pour finir, il reste une IRM et des PET Scans. L’IRM permet de représenter les parties atrophiées du cerveau et de les identifier à des pertes de synapses de dendrites (extrémités d’un neurone) et de neurones. Or, plus l’atrophie est grande, plus les problèmes cognitifs sont grands. Les personnes atteintes d’Alzheimer ont une décroissance de l’hippocampe de 4,5 % en moyenne par an contre 1% chez les patients de l’étude. L’hippocampe est une partie du cerveau qui gère la mémoire.

L’IRM montre les premières altérations des fonctions de la mémoire, mais aussi du langage, des fonctions supérieures, du raisonnement, du comportement, de l’humeur, etc… En plus de l’IRM, des PET Scans sont effectués, ils permettent de visualiser les endroits du cerveau atteints de lésions : les plaques amyloïdes.

Ces méthodes de détection pourraient permettre un diagnostic et une prise en charge plus rapide même si certaines personnes sont atteintes par ces lésions sans avoir de troubles de la mémoire. Selon une étude, ce serait le cas de 20 à 30 % des personnes saines. Le cerveau peut donc résister très longtemps à la maladie et elle peut même ne jamais se déclarer « réellement ».

Source: Sciences et Avenir