Des chercheurs ont modifié génétiquement une vache avec de l’ADN humain afin de lui faire produire de l’insuline dans son lait. L’objectif ? Rendre les injections d’insuline facilement accessibles pour toutes les personnes diabétiques.
Un veau femelle génétiquement modifié
Les personnes atteintes de diabète de type 1 subissent une défaillance du pancréas, ce dernier ne produisant plus d’insuline. Ces patients souffrent ainsi d’hyperglycémie, autrement dit une présence trop importante de sucre dans le sang. Elles doivent donc régulièrement s’injecter de l’insuline, une hormone parfois difficile à trouver dans certaines parties du globe. Et s’il existait un moyen de s’en procurer plus facilement ?
Des chercheurs de l’Université de l’Illinois à Urbana-Champaign (États-Unis) et de l’Université de São Paulo (Brésil) ont peut-être trouvé une solution, dont les détails ont été publiés dans la revue Biotechnology Journal le 12 mars 2024. Les auteurs disent avoir modifié génétiquement des vaches avec de l’ADN humain. L’objectif ? Leur permettre de produire de l’insuline dans leur lait. Plus précisément, les scientifiques ont inséré un segment d’ADN humain dans les noyaux cellulaires d’une dizaine d’embryons de vaches. Or, ce segment était lié à la production d’insuline. L’étude rapporte que l’un des embryons a permis la naissance d’un veau femelle. Arrivée à l’âge propice à la procréation, cette femelle a été fécondée, puis stimulée pour produire du lait.

Une trentaine d’unités d’insuline par litre de lait
À l’origine, les chercheurs espéraient produire de la proinsuline, une prohormone qu’il aurait fallu purifier pour obtenir l’insuline. Les auteurs n’ont pas caché leur étonnement après la découverte d’insuline directement dans le lait. Selon les résultats, l’animal a produit environ trois fois plus d’insuline biologiquement active que de proinsuline. Par ailleurs, il s’avère que la vache a généré l’équivalent d’un gramme par litre de lait. Or, la dose habituellement nécessaire aux patients diabétiques représente seulement une fraction de milligramme. Autrement dit, chaque gramme obtenu est équivalent à près d’une trentaine d’unités d’insuline (28,818 unités pour être précis).
De plus, il faut savoir que certaines races de vaches comme la « holstein » sont capables de produire une cinquantaine de litres de lait par jour. Ainsi, les auteurs de l’étude espèrent un futur dans lequel chaque humain atteint de diabète pourra recevoir aisément ses doses d’insulines, et ce, peu importe sa localisation dans le monde. Ces travaux pourraient permettre d’aider des centaines de millions de personnes. En attendant, les scientifiques poursuivent leurs travaux. La prochaine étape sera de retenter l’expérience en espérant cette fois la naissance d’un veau mâle. Le but sera d’observer sa descendance et voir si elle produira également de l’insuline dans son lait.
