Devrait-on nommer les vagues de chaleur extrême, comme pour les ouragans ?

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Un groupe de chercheurs propose de nommer et classer les vagues de chaleur extrême à venir. Le but : sensibiliser et préparer les populations aux risques de ces « tueuses silencieuses ».

Les tempêtes tropicales et ouragans sont depuis longtemps désignés par un prénom. Facile à mémoriser, il facilite la gestion de l’événement. Le fait d’accoler un nom à un cyclone tropical renforce notamment l’impact des avertissements et accroît la préparation des populations. Ces phénomènes météorologiques sont également classés en fonction de leur gravité. Et si nous faisions de même avec les vagues de chaleur ?

C’est en effet la proposition d’un groupe de chercheurs intégré à l’Extreme Heat Resilience Alliance. Soutenu par la Fondation Rockefeller – l’un des plus grands donateurs climatiques aux États-Unis – ainsi que par l’Atlantic Council, un groupe de réflexion basé à Washington, ce projet a pour objectif de proposer des solutions rapides et fiables de résilience climatique d’ici 2030.

Ses membres comprennent des organisations d’intervention d’urgence telle que le Centre mondial de préparation aux catastrophes de la Croix-Rouge. Plusieurs centres de recherche scientifique, sociétés et organismes sans but lucratif y prennent également part.

Le pic de chaleur, un tueur silencieux

Les ouragans impressionnent par les nombreux dommages matériels essuyés après leur passage. Les vagues de chaleur, de leur côté, ont des effets moins visibles. En revanche, elles restent beaucoup plus dévastatrices en terme de vies humaines.

Exemple aux États-Unis : d’après les données du National Weather Service, de 1986 à 2019, il y a eu 4257 décès dus à la chaleur. En comparaison, il y a eu moins de décès dus aux inondations (2 907), aux tornades (2 203) ou aux ouragans (1 405) au cours de la même période. N’oublions pas non plus la vague de chaleur européenne de 2003, responsable de plus de 70 000 décès en Europe. Plus de 50 000 personnes ont également succombé à la chaleur en 2010, en Russie.

Ces vagues de chaleur s’attaquent directement à l’Homme. Certaines populations sont par exemple particulièrement vulnérables aux problèmes de santé en raison de fortes températures. Les personnes de plus de 65 ans notamment, et/ou celles qui souffrent de maladies chroniques.

Ces phénomènes météo exacerbent également les risques d’incendie. Les feux de forêt enregistrés l’année dernière en Australie, responsables de la mort de trois millions d’animaux, en sont un triste exemple. Ceux qui ont dévasté la Sibérie durant le premier semestre de cette année en sont un autre.

Et ce n’est pas fini. En raison de l’accumulation de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, les vagues de chaleur deviennent en effet de plus en plus fréquentes, intenses et de plus longue durée. Une tendance qui devrait se poursuivre dans les décennies à venir. Il y a deux ans, une étude stipulait en effet que sans une réduction drastique de nos émissions de GES, pas moins de 75 % de l’humanité pourrait être victime de canicules terribles et meurtrières à la fin du siècle.

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Savoir de quoi on parle

Une partie du processus de dénomination et de classement consistera à définir exactement ce qu’est une vague de chaleur. Actuellement, il n’existe en effet aucune définition unique. L’Organisation météorologique mondiale (OMM) la décrit comme un « réchauffement important de l’air, ou une invasion d’air très chaud sur un vaste territoire, généralement sur une période de quelques jours à quelques semaines ».

De son côté, le Service météorologique national émet un avertissement de chaleur excessive lorsque l’indice de chaleur maximum – qui reflète la chaleur qu’il ressent en tenant compte de l’humidité – devrait dépasser environ 41 °C pendant au moins deux jours et que la température de l’air nocturne reste au-dessus d’environ 24 °C.

Le problème est que sans définition universellement acceptée, « nous n’avons pas une compréhension commune de la menace à laquelle nous sommes confrontés », prévient Aaron Bernstein, pédiatre à l’hôpital pour enfants de Boston. Il est également le directeur par intérim du Center for Climate, Health and the Global Environment de la Harvard TH Chan School of Public Health.

Le fait de nommer ces phénomènes météo pourrait alors sensibiliser le public aux risques pour la santé posés par ces tueurs silencieux. De leur côté, les autorités locales pourraient alors mieux se préparer à faire face aux problèmes de santé potentiels causés par la hausse des températures.

« Les gens savent quand un ouragan arrive, note Susan Joy Hassol, de l’Aspen Global Change Institute. Il a été nommé et catégorisé, et ils prennent des mesures pour s’y préparer. Nous devons désormais faire la même chose avec les vagues de chaleur ».