L’utilisation du coton-tige est possible de différentes façons, mais son usage principal, destiné à nettoyer les conduits auditifs a la peau dure. Et pourtant, cette pratique serait à proscrire.
Inventé au début du XXe siècle par le polonais Leo Gerstenzang (naturalisé américain) qui désirait optimiser les soins appliqués à son jeune enfant, le coton-tige a fait les frais de l’image que l’industrie lui a ensuite attribuée : celle d’un petit objet du quotidien destiné à nettoyer nos oreilles. C’est alors qu’il prend le nom de Q-tip (bâton de qualité) puis coton-tige, des appellations appartenant à la multinationale anglo-néerlandaise Unilever.
Cependant, utiliser le coton-tige afin de se nettoyer les oreilles comporterait des risques sérieux à ne pas négliger. L’Oto-Rhino-Laryngologiste Harry Maarek, exerçant en région parisienne, explique ces risques dans une interview réalisée pour le site Atlantico :
« Le coton-tige repousse vers la profondeur du conduit auditif le cérumen qui habituellement est évacué de manière naturelle vers la sortie. On lui reproche également d’être responsable d’eczéma dans le conduit suite aux frottements répétés sur la peau. Il est important également de mentionner les risques de traumatisme du tympan dès lors que la pénétration est trop profonde. »
Le spécialiste tente de relativiser en indiquant qu’une utilisation du coton-tige peut tout de même être faite pour les conduits auditifs, mais « à la seule condition de les introduire sur un seul centimètre, c’est-à-dire là où le revêtement cutané est plus solide. »
De plus, il indique trois niveaux de production de cérumen, auxquels une réponse hygiénique convient pour chacun : « Pour les productions modérées, un simple passage de l’auriculaire recouvert d’une serviette humidifiée suffit. Pour les productions moyennes de cérumen, l’introduction d’eau tiède à l’aide du pommeau de douche lors de sa douche est préférable à l’utilisation d’une poire. Concernant les productions de cérumen plus importantes, il existe des produits nettoyants sous forme de pulvérisation vendus en pharmacie et à utiliser trois fois par semaine. »
Ainsi, il incomberait aux consommateurs de comprendre eux-mêmes l’intérêt d’une utilisation réduite du coton-tige pour ce qui concerne les oreilles, alors que des messages de prévention apparaissent sur les emballages. Une responsabilité à prendre obligatoirement, car il n’est pas question de retirer ce produit des commerces : le marché pèse, aux États-Unis, près de 200 millions de dollars par an.
L’usage du coton-tige serait donc excellent afin de nettoyer un bébé, appliquer des cosmétiques (maquillage, vernis à ongles) et pourquoi pas faire le ménage (recoins poussiéreux et difficiles d’accès), mais ne conviendrait pas à nos oreilles. Reste à savoir si l’image de ce produit peut être déconstruite ou non, puisqu’il s’agit aujourd’hui d’une vraie question de santé publique comportant également des enjeux économiques.
Sources : Slate — Atlantico