Deux souches de virus de la grippe pourraient avoir disparu

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Crédits : Victoria Borodinova/Pixabay

Il y a eu si peu de transmission de la grippe pendant la pandémie de COVID-19 que certains de ses virus pourraient avoir disparu. Si tel est le cas, la moindre diversité de ces agents pathogènes pourrait faciliter le développement de vaccins plus ciblés.

La grippe est une maladie infectieuse causée par certains virus à ARN de la famille des orthomyxoviridés. Elle est saisonnière, sévissant essentiellement durant la période automne-hiver dans les pays tempérés. Le nombre de victimes varie de 290 000 à environ 650 000 chaque année dans le monde.

Ceci étant, comme attendu, les cas de grippe ont considérablement chuté au cours de ces derniers mois. Un phénomène, notent les experts, que l’on doit principalement au port du masque et autres « mesures barrières » mises en place dans de nombreux pays pour lutter contre la pandémie de Covid-19.

D’ailleurs, deux souches de ces virus à ARN ont visiblement disparu des radars depuis un an, rapporte le magazine STAT.

Les virus de la grippe, un vrai casse-tête

Pour expliquer quels virus de la grippe pourraient avoir disparu, il est utile de revenir sur leur classification. Deux familles de virus grippaux provoquent la grippe saisonnière chez l’Homme : la grippe A et la grippe B. Ceux de la grippe A sont divisés en « sous-types » basés sur deux protéines de surface connues sous le nom d’hémagglutinine (H) et de neuraminidase (N).

Actuellement, les sous-types H1N1 et le H3N2 sont ceux qui se distinguent chez l’Homme. Enfin, au sein de ces deux sous-types se profilent des sous-classifications, ou clades, les virus H3N2 ayant plus de diversité que H1N1.

Les virus de la grippe B, de leur côté, n’ont pas de sous-types mais sont divisés en deux lignées connues sous le nom de B/Yamagata et B/Victoria.

Ce que nous apprend aujourd’hui STAT, c’est que le sous-type H3N2, connu sous le nom de 3c3.A, et la lignée B/Yamagata n’auraient officiellement pas été détectés depuis mars 2020.

«Je pense qu’il y a de bonnes chances qu’il soit parti. Mais le monde est vaste», souligne ainsi Trevor Bedford, du Fred Hutchinson Cancer Research Center de Seattle, faisant référence à H3N2.

«Ce n’est pas parce que personne ne l’a vu qu’il n’est plus là, n’est-ce pas ? Mais effectivement, il pourrait voir disparu», ajoute Florian Krammer, de la Icahn School of Medicine Mount Sinai à New York, faisant cette fois référence à la lignée B/Yamagata.

Richard Webby, chargé des études sur l’écologie de la grippe chez les animaux et les oiseaux à l’OMS, pense de son côté qu’il y a eu effectivement une grande réduction de la diversité de ces virus en circulation, mais qu’ils n’ont pas totalement disparu.

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Une image au microscope électronique de virions H3N2 de la grippe A. Crédits : Fred Murphy

Moins de diversité pour de meilleurs vaccins

On ignore donc encore si ces deux formes de virus ont réellement disparu. Mais si tel est le cas, les autorités sanitaires pourraient avoir plus de facilité à cibler les souches dans le développement des vaccins.

En effet, la raison pour laquelle nous continuons à souffrir de la grippe chaque année est que le virus ne cesse de muter pour échapper à nos défenses immunitaires. Les virus H3N2, notamment, constituent un groupe particulièrement diversifié.

Dans le but de produire un vaccin annuel, les épidémiologistes ciblent alors les quelques souches qui semblent les plus prévalantes d’une année à l’autre. Naturellement, un vaccin universel capable de nous protéger pour plusieurs années serait l’idéal. Mais pour l’heure, il n’est pas encore disponible.