Ce qu’il faut savoir sur la Pangée, cet ancien supercontinent qui couvrait la Terre il y a 300 millions d’années

Il y a environ 300 millions d’années, avant l’arrivée des premiers dinosaures, la Terre ne comptait pas sept continents. Il y avait à la place un seul supercontinent massif appelé Pangée, lui-même entouré d’un unique océan : la Panthalassa. Mais que sait-on exactement sur ces terres anciennes ?

La théorie moderne de la tectonique des plaques stipule que la coquille externe de la Terre est brisée en plusieurs plaques qui glissent sur le manteau rocheux de la Terre. Au cours des 3,5 milliards dernières années, plusieurs supercontinents se sont formés et se sont brisés, modifiant radicalement l’histoire de notre planète. Il y a plus d’un siècle, le scientifique Alfred Wegener proposait la notion d’un ancien supercontinent, qu’il nomma Pangée. En effet selon lui, plusieurs continents modernes semblent aujourd’hui s’emboîter parfaitement, et le registre géologique lui aura également mis la puce à l’oreille. Les gisements de charbon trouvés en Pennsylvanie ont par exemple une composition similaire à ceux de la même période que l’on peut trouver en Pologne, en Grande-Bretagne et en Allemagne.

De fait, l’Amérique du Nord et l’Europe devaient autrefois ne représenter qu’une seule et même masse continentale. Dans les archives fossiles, des plantes identiques – certaines éteintes – se trouvent également sur des continents aujourd’hui très disparates. Il en est de même pour les chaînes de montagnes : les Appalaches aux États-Unis, et les montagnes de l’Atlas au Maroc, faisaient autrefois partie des montagnes de la Pangée centrale. Elles ont pu être formées par la collision des supercontinents Gondwana et Laurussia.

Présenter une telle masse continentale aura forcément entraîné des cycles climatiques très différents. Rien à voir avec aujourd’hui, donc. Par exemple, il semblerait que l’intérieur du continent ait été complètement sec, enfermé derrière des chaînes de montagnes massives qui bloquaient toute l’humidité. Mais tout n’était pas sec. Des gisements de charbon retrouvés aux États-Unis et en Europe révèlent que certaines parties de l’ancien supercontinent, près de l’équateur, présentaient quelques forêts tropicales luxuriantes, semblables à la jungle amazonienne. Le charbon se forme  en effet lorsque plantes et animaux morts périssent dans l’eau marécageuse, et qu’ensuite la pression et l’eau transforment la matière en tourbe, puis en charbon.

La Pangée
Crédits : Wikimedia Commons / Kieff

Ainsi, les gisements de charbon nous disent qu’il y avait une vie abondante sur terre à cette époque. Les modèles climatiques confirment par ailleurs que l’intérieur continental de la Pangée était extrêmement saisonnier, selon un article publié en 2016 dans la revue Palaeogeography, Palaeoclimatology, Palaeoecology. Les chercheurs s’étaient ici appuyés sur des données biologiques et physiques du site de Moradi, une région de paléosols stratifiés (sols fossiles) dans le nord du Niger, pour reconstruire l’écosystème et le climat pendant la période où la Pangée existait. Comparable au désert africain du Namib et au bassin du lac Eyre en Australie, le climat de la Pangée – semble-t-il – était généralement aride avec des périodes humides courtes et récurrentes qui incluaient parfois des énormes crues.

Côté faune, il semblerait que plusieurs animaux y aient prospéré, y compris les Traversodontidae, une famille d’animaux herbivores qui comprend les ancêtres des mammifères. Pendant la période permienne, les insectes tels que les coléoptères et les libellules ont également prospéré. La hausse du taux de dioxygène libéré dans l’air par les forêts (30 % d’oxygène de plus que de nos jours) a en effet favorisé le gigantisme de certaines espèces. Ces insectes étaient donc énormes. Rappelons par ailleurs que la Pangée fut ensuite le théâtre de la pire extinction de masse de l’histoire. Il y a environ 252 millions d’années, l’extinction du Permien-Trias a causé la disparition de la plupart des espèces sur Terre. Le début du Trias aura ensuite vu la naissance des Archosauriens, un groupe d’animaux qui a finalement donné naissance aux crocodiles, aux oiseaux et à pléthore de reptiles. Il y a environ 230 millions d’années enfin, les premiers dinosaures émergeaient sur la Pangée, y compris des théropodes recouverts de plumes.

Si les continents ne cessent d’évoluer, qu’en est-il de l’avenir ? La configuration actuelle des continents est peu susceptible d’être la dernière. Les supercontinents se sont formés à plusieurs reprises dans l’histoire de la Terre, avant d’être divisés en de nouveaux continents. À l’heure actuelle, par exemple, l’Australie avance lentement vers l’Asie et la partie orientale de l’Afrique s’écarte lentement du reste du continent. Les géologues ont également remarqué un cycle quasi régulier dans lequel les supercontinents se forment et se séparent : environ tous les 300 à 400 millions d’années.

En ce sens, des scientifiques ont mis au point des simulations mathématiques en 3D pour tenter de mieux comprendre les mécanismes du mouvement continental pour les 250 millions d’années à venir. Publiés en 2017 dans Geoscience Frontiers, les travaux des chercheurs Masaki Yoshida et M. Santosh nous proposent des modèles suggérant que pendant des millions d’années, l’océan Pacifique se fermera à mesure que l’Australie, l’Amérique du Nord, l’Afrique et l’Eurasie se réuniront dans l’hémisphère Nord. Finalement, ces continents devraient fusionner, formant un supercontinent appelé « Amasia ». Les deux continents restants, l’Antarctique et l’Amérique du Sud, devraient rester relativement immobiles, séparés du nouveau supercontinent.

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