Selon une Ă©tude rĂ©cente analysant des donnĂ©es collectĂ©es par la sonde Voyager 2 il y a près de quarante ans, deux des lunes d’Uranus, probablement Ariel et Miranda, pourraient possĂ©der un ocĂ©an d’eau liquide souterrain. Cependant, des donnĂ©es plus rĂ©centes seront nĂ©cessaires pour confirmer ou infirmer cette hypothèse. Il s’agit donc d’une raison supplĂ©mentaire de sonder Uranus.Â
Le 24 janvier 1986 , Voyager 2 survolait Uranus Ă 107 000 km de distance, transmettant Ă la NASA plusieurs photos et donnĂ©es uniques de cette planète. La sonde avait notamment dĂ©couvert dix nouvelles lunes en plus des cinq dĂ©jĂ connues et mis en Ă©vidence la prĂ©sence d’un champ magnĂ©tique dont l’intensitĂ© est proche de celui de la Terre et inclinĂ© de 60° par rapport Ă l’axe de rotation de la planète.
Certaines de ces donnĂ©es ont Ă©tĂ© collectĂ©es avec le Low-Energy Charged Particle (LECP). Cet instrument peut ĂŞtre imaginĂ© comme un morceau de bois, les particules d’intĂ©rĂŞt jouant le rĂ´le de balles. Plus une balle se dĂ©place rapidement, plus elle pĂ©nètre profondĂ©ment dans le bois. Ainsi, la profondeur de pĂ©nĂ©tration mesure la vitesse des particules. Le nombre de « trous de balles » au fil du temps indique Ă©galement le nombre de particules Ă divers endroits dans le vent solaire.
Dans le cadre de ces nouveaux travaux, des chercheurs ont examiné ces données à nouveau et les résultats sont particulièrement intéressants. Les détails de ces recherches ont été présentés à la 54e conférence annuelle sur les sciences lunaires et planétaires le 16 mars et ont été acceptés pour publication dans la revue Geophysical Research Letters.
De l’eau liquide souterraine ?
Les observations rĂ©cemment rapportĂ©es montrent qu’une ou deux des vingt-sept lunes connues de la planète libèrent des particules de plasma dans le système Uranus. Cette dĂ©tection s’est prĂ©sentĂ©e sous la forme de particules Ă©nergĂ©tiques repĂ©rĂ©es par le vaisseau alors qu’il quittait la rĂ©gion. Les deux lunes concernĂ©es seraient Ariel et Miranda. « Ce qui Ă©tait intĂ©ressant, c’est que ces particules Ă©taient extrĂŞmement confinĂ©es près de l’Ă©quateur magnĂ©tique d’Uranus« , prĂ©cise Ian Cohen, principal auteur de l’Ă©tude.
Le mĂ©canisme par lequel Miranda et/ou Ariel peuvent faire cela est actuellement discutĂ©, mais selon les auteurs, ces deux mondes pourraient abriter un ocĂ©an liquide sous leur surface gelĂ©e qui projette activement des panaches de matĂ©riaux dans l’espace. Les images de Voyager 2 avaient dĂ©jĂ montrĂ© des signes physiques de « resurfaçage gĂ©ologique » sur ces deux lunes, laissant penser qu’elles Ă©taient actives sous leur surface gelĂ©e.
Les chercheurs pensent que les particules ont Ă©tĂ© Ă©jectĂ©es selon un processus similaire Ă celui observĂ© sur Encelade, l’une des lunes de Saturne.

Plus de donnĂ©es seront nĂ©cessaires avant que l’on puisse dĂ©terminer de manière concluante que ces particules proviennent des ocĂ©ans souterrains d’Ariel et/ou de Miranda. Cependant, ces nouvelles dĂ©couvertes ne font que renforcer le dĂ©sir des scientifiques planĂ©taires de renvoyer une sonde autour d’Uranus. De nombreux chercheurs militent d’ailleurs actuellement en ce sens. Si elle devait voir le jour, une telle mission devrait ĂŞtre lancĂ©e avant le dĂ©but des annĂ©es 2030.