Des chercheurs travaillant dans le Grand Nord canadien annoncent avoir découvert deux lacs super-salés nichés sous la glace arctique. De quoi se pencher sur les types de vie extraterrestre qui pourraient exister sur Europe et Encelade, deux lunes couvertes de glace.
Situés à des profondeurs de 550 à 750 mètres, les deux lacs ont été détectés sous la calotte glaciaire du Devon au Nunavut, par des chercheurs canadiens de l’Université de l’Alberta, peut-on lire cette semaine dans Science Advances. Si plus de 400 lacs sous-glaciaires sont déjà connus dans le monde – dont plusieurs au Groenland et en Antarctique -, il n’en avait jamais été recensé au Canada. Et plus important encore, ceux-ci sont les premiers lacs dits « hypersalins » à être découverts sur Terre, contenant trois à quatre fois la quantité de sel trouvée dans l’eau de mer.
Anja Rutishauser, étudiante à l’Université d’Alberta et coauteure de la nouvelle étude, explique avoir accidentellement repéré les lacs sous-glaciaires lors d’une étude géologique de la région. Ces derniers restent liquides malgré des températures atteignant -18 degrés Celsius ! «Au début, lorsque j’ai regardé les données radar qui indiquaient qu’il y avait de l’eau sous-glaciaire, j’ai été très surprise et un peu perplexe», explique la chercheuse à Gizmodo. «En raison des températures inférieures au point de congélation sur le lit du glacier, je ne m’attendais pas à trouver de l’eau liquide. Ces lacs sont très uniques !».
Les lacs, qui mesurent environ cinq et huit kilomètres carrés, ne sont reliés à aucune source connue d’eau de fonte, mais se présentent aujourd’hui comme des hôtes potentiels pour la vie microbienne. Les conditions sous-glaciaires peuvent en effet rappeler celles retrouvées sur Europe et Encelade, respectivement lunes de Jupiter et de Saturne. Ces deux satellites naturels sont en effet couverts de glace abritant de vastes océans liquides et souterrains. Les chercheurs espèrent maintenant pouvoir prélever quelques échantillons de vie sous-marine, si tant est qu’il y en ait dans cet environnement froid, sans lumière solaire et pratiquement privé d’énergie.
«Pour avoir accès à l’eau des lacs sous-glaciaires, nous aurions besoin de percer la glace de 550 à 750 mètres d’épaisseur qui recouvre les lacs», note la chercheuse. «Le forage dans un lac sous-glaciaire a été fait avec succès au lac Whillans, en Antarctique. Cependant, cela nécessite beaucoup de planification, car les températures de l’eau extrêmement froides et la salinité rendent les choses un peu plus compliquées».