Deux kamikazes japonais racontent comment ils ont survécu

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Ă€ l’approche du 70e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, deux anciens kamikazes japonais nous expliquent les raisons pour lesquelles ils se sont portĂ©s volontaires pour ces missions-suicides et reviennent sur un coup du sort qui leur sauva la vie… et celles de centaines de soldats amĂ©ricains.

Nous sommes en 1944. La bataille fait rage entre les troupes amĂ©ricaines et japonaises sur l’ocĂ©an Pacifique. L’empereur japonais sentant le vent tourner en sa dĂ©faveur va ordonner Ă  ses pilotes d’entreprendre des manoeuvres suicidaires en direction de la flotte ennemie. Ă€ cette Ă©poque, Hisao Horiyama et Takehiko Ena, l’un soldat dans l’artillerie et l’autre Ă©tudiant dans une prestigieuse universitĂ© de Tokyo, apprennent par le biais d’une simple lettre qu’il Ă©tait l’heure pour eux de sacrifier leur vie pour la patrie. « Nous avons fini notre formation de pilote et on nous a donnĂ© un bout de papier avec trois options : se porter volontaire avec enthousiasme [pour ĂŞtre kamikaze], ĂŞtre simplement volontaire ou dĂ©cliner » raconte Hisao Horiyama, qui a aujourd’hui 92 ans.

« Mourir Ă©tait l’accomplissement ultime de notre devoir, on nous ordonnait de ne pas revenir. Nous savions que si nous revenions, nos supĂ©rieurs seraient en colère« . Pour les pilotes, cette action Ă©tait la preuve de leur dĂ©votion pour l’empereur Hirohito. Plus de 500 kamikazes s’Ă©taient dĂ©jĂ  jetĂ©s sur les navires ennemis avant janvier 1945. « On ne pensait pas tellement Ă  mourir. On Ă©tait habituĂ©s Ă  cacher nos Ă©motions, et puis si l’on mourrait, on savait que c’Ă©tait pour une cause qui en valait la peine » se souvient Hisao Horiyama. Par chance, le jeune Hisao ne sera jamais envoyĂ© sur le front, le Japon ayant capitulĂ© avant qu’il ne puisse accomplir sa mission.

De son cĂ´tĂ©, Takehiko Ena, âgĂ© de 92 ans Ă©galement, ne partage pas le mĂŞme enthousiasme que son frère d’armes. Lorsqu’il apprend que son heure Ă©tait venue, le jeune homme est terrifiĂ©. « J’ai senti le sang couler sur mon visage. Les autres pilotes et moi, nous nous congratulions, mais il n’y avait rien Ă  fĂŞter. » Il avait pour mission de piloter un avion Ă©quipĂ© d’une bombe de 800 kilos. Heureusement pour lui, le matĂ©riel utilisĂ© par l’armĂ©e japonaise pour les missions-suicides est vieillissant et par trois fois il va Ă©chouer dans ses tentatives, le dernier essai finissant lamentablement dans les eaux. Il parviendra Ă  survivre en nageant jusqu’Ă  une Ă®le voisine.

Au total, plus de 3 800 kamikazes se sont sacrifiés durant cette période. Le Japon finira par capituler le 2 septembre 1945.

Sources :  The Guardian, Le Monde