Deux chercheurs remettent en cause l’hypothèse du « bombardement tardif » survenu il y a 3,9 milliards d’années

Crédits : Tim Wetherell / Wikimedia Commons

Selon deux chercheurs, le « bombardement tardif » survenu il y a 3,9 milliards d’années n’aurait jamais existé. Leur étude suggère un événement limité à un très petit nombre d’impacts.

Le Grand bombardement tardif est une période de l’Histoire du Système solaire s’étendant approximativement de 4,1 à 3,9 milliards d’années, durant laquelle se serait produite une augmentation des impacts météoriques ou cométaires sur les planètes telluriques. Certains suggèrent que ce fut un coup de chance pour la Terre: les comètes et astéroïdes ayant emporté dans leurs valises l’eau et les premières molécules prébiotiques à notre planète alors infantile.

L’une des explications possibles pour ce pilonnage intensif est une migration des planètes géantes (Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune) dans le Système Solaire externe, conduisant à déstabiliser les ceintures d’astéroïdes existantes à cette période. Les planètes telluriques du Système interne, comme la Terre, auraient alors payé le prix fort.

La Terre étant en constante évolution sur le plan géologique, ainsi nous devons l’hypothèse d’un bombardement massif aux mesures concernant les âges des roches lunaires rapportées sur Terre par les missions Apollo. Les analyses ont montré que la plupart de ces roches, récoltées dans mers lunaires, avait en effet fondu il y a environ 3,9 milliards années – 400-500 millions d’années après la formation de la Lune.

Dans une nouvelle étude publiée dans Proceedings of the National Academy of Sciences, les chercheurs Patrick Boehnke et Mark Harrison, de l’Université de Californie, contestent néanmoins l’hypothèse d’un bombardement massif, mettant l’accent sur le fait que « les échantillons d’Apollo ne couvrent pas plus de 4 pour cent de la surface lunaire ». Selon eux, la datation des roches lunaires pourrait être une erreur liée à un trop petit nombre d’échantillons, et suggèrent que l’événement se serait en fait limité à un très petit nombre d’impacts, sur une période de temps beaucoup plus longue.

Pour vérifier leur hypothèse, les chercheurs ont créé un modèle dans lequel ils ont divisé la surface lunaire en 1000 régions. Ils ont ensuite simulé ce qui arriverait si un nombre décroissant d’astéroïdes et de comètes impactait la surface lunaire au fil du temps, depuis sa formation. En diminuant progressivement la fréquence des collisions, ils se sont rendu compte que la datation des roches conduisait au même résultat, 3.9 milliards d’années. Autrement dit, au lieu d’un bombardement violent concentré en un court laps de temps, la Lune aurait subi une série d’impacts lente et longue, en goutte-à-goutte, le temps que le Système Solaire se décharge de ces corps célestes.

L’hypothèse du bombardement tardif, aujourd’hui considéré comme l’un des événements clés pour l’émergence de la vie sur Terre, pourrait donc être basée sur des résultats erronés.

L’année dernière, des minéraux volcaniques retrouvés en Australie suggéraient que la vie existait probablement sur Terre il y a au moins 4,1 milliards d’années. Si la vie est vraiment apparue à cette époque, elle serait donc apparue bien avant la fin du bombardement.

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