Une équipe d’anthropologues a découvert en Chine une sépulture enfermant deux amants – un homme et une femme – en train de s’étreindre mutuellement depuis environ 1500 ans. C’est une première dans le pays. D’après les chercheurs, il est possible que la femme se soit sacrifiée pour pouvoir être enterrée avec son mari.
Il y a quelques années des chercheurs ont excavé un cimetière dans la province du Shanxi. Celui-ci avait initialement été mis à jour lors de travaux de construction opérés sur le site. À l’intérieur, ils ont isolé plusieurs centaines de sépultures abritant des personnes appartenant à l’ancien groupe nomade des Xianbei, principalement établi en Mongolie actuelle à partir du IIe siècle de notre ère.
Deux amants entrelacés
Si toutes ces tombes sont évidemment très intéressantes d’un point de vue anthropologique, l’une d’elles s’est rapidement démarquée. À l’intérieur, les chercheurs ont en effet découvert les restes squelettiques de deux amants enterrés ensemble il y a plus de 1 500 ans dans « une étreinte éternelle ». C’est une première en Chine. Les résultats d’analyses de ces ossements ont été publiés dans l ’International Journal of Osteoarchaeology.
Une analyse minutieuse
L’équipe dirigée par Qian Wang, du Département des sciences biomédicales du Texas A&M College of Dentistry, a adopté une approche soigneusement non invasive pour conserver l’intégrité des restes. Les deux amants resteront entrelacés, témoignant de leur lien unique.
Qui étaient ces amants ?
- L’homme : Mesurait environ 161,5 cm. Son squelette présentait plusieurs blessures, notamment un bras fracturé, une partie manquante d’un doigt sur la main droite, et des éperons osseux sur la jambe droite. Il avait entre 29 et 35 ans au moment de son décès.
- La femme : Mesurait environ 157,1 cm et était âgée de 35 à 40 ans. En dehors de quelques caries, elle semblait en bonne santé à sa mort. Elle portait une bague à l’annulaire gauche, symbole probable de leur union.

Poursuivre l’amour dans l’au-delà
Celui ou celle qui a enterré le couple l’a fait avec tendresse, note l’étude. Le corps de l’homme était courbé vers celui de la femme. Son bras gauche reposait sous son corps, tandis que son bras droit enlaçait sa compagne, la main posée sur sa taille. Le corps de la femme a été placé « dans une position pour être embrassé », ont écrit les chercheurs dans l’étude. Sa tête était légèrement tournée vers le bas, signifiant que son visage aurait posé sur son épaule, tandis que ses bras étreignaient son corps.
Pour les auteurs, cette scène « reflète le dévouement du couple l’un envers l’autre dans la vie ». Selon eux, il est peu probable que les amants soient morts en même temps. À l’inverse, ils théorisent que le mari est mort en premier des suites de ses blessures et que la femme, visiblement en bonne santé au moment de son décès, s’est peut-être sacrifiée pour qu’ils puissent être enterrés ensemble.
À leur époque, le fait d’exprimer librement son amour était en effet devenu culturellement « important » en Chine. « De nombreuses histoires d’amour fictives ont été écrites, et certains récits historiques dépeignent des personnes se suicidant par amour », explique en effet Qian Wang. « En substance, mourir de suicide par amour dans le but de poursuivre cet amour dans l’au-delà était accepté, voire même encouragé ».
Un amour immortalisé
Cette sépulture offre un éclairage précieux sur les attitudes envers l’amour et la mort en Chine ancienne. Au VIe siècle, la valorisation des sentiments amoureux s’était déjà imposée dans la société. Des récits historiques relatent des histoires d’amour tragiques, où des individus choisissaient de se donner la mort pour poursuivre leur union dans l’au-delà.
Cette découverte unique vient enrichir notre compréhension de la culture des Xianbei et de leur vision du lien entre l’amour et la vie après la mort. Elle nous rappelle également que, malgré les siècles qui nous séparent, les émotions humaines transcendent les époques et les frontières.
