Faut-il désurbaniser les littoraux pour se protéger de la montée des eaux ?

Crédits : Demetrius Theune / iStock

En rapprochant sans cesse ses habitations des littoraux, l’humain a tout simplement détruit les espaces protecteurs face à la montée des eaux. Selon un spécialiste français, l’idéal serait de rendre ces espaces à la Nature, une entreprise plus facile à dire qu’à faire. Et pourtant, il s’agirait bien de la seule solution pour se protéger efficacement.

Un principe de précaution aujourd’hui disparu

L’actuel dérèglement climatique inquiète toujours plus la communauté scientifique. En témoigne le dernier rapport du GIEC qui n’est autre que l’avertissement le plus sévère jamais lancé à l’humanité. En ce qui concerne la montée des eaux, le français Emmanuel Garnier – historien des risques et du climat – a donné une interview dans le journal La Croix le 22 août 2021. Selon l’intéressé, il faudra désurbaniser les littoraux pour contenir la montée des eaux.

Emmanuel Garnier est revenu sur les sociétés anciennes, un sujet déjà abordé en 2018 dans la revue Réflexions en partage. L’expert a rappelé qu’auparavant, les sociétés vivaient près de la mer, mais assez loin des côtes afin d’observer un principe de précaution. Ainsi à la fin du XIXe siècle, les littoraux étaient encore des espaces de chasse, de pêche, mais aussi de pâturage. En revanche, il ne fut jamais question d’y construire des habitations.

Vers 1850, les humains ont pensé être capables de maîtriser les éléments naturels. Les premières constructions sont ainsi arrivées, accompagnées de digues pour protéger les habitants. Certaines zones de marais ont fait l’objet d’un assèchement avant de servir à la construction de routes, de rails, etc. Pour Emmanuel Garnier, le principe de précaution a progressivement disparu, tout comme ces zones humides faisant office de barrières naturelles.

digue
Crédits : delectus/ iStock

Rendre les espaces littoraux à la Nature

Le spécialiste est formel : cette destruction de l’environnement des littoraux est directement le fait du progrès que l’humain a désiré. Le fait est que ce progrès est notamment à l’origine de l’incroyable submersion de la tempête Xynthia en 2010, la première du genre depuis 1940. Il s’agit d’un exemple, mais il en existe d’autres. Or, si ces phénomènes de submersion sont évidemment en lien étroit avec le dérèglement climatique, la trop importante urbanisation des littoraux joue également un rôle non négligeable.

Emmanuel Garnier estime que les autorités devraient davantage montrer au public la réalité des catastrophes naturelles. Il s’agirait également d’en expliquer les causes et d’éduquer la jeunesse aux méthodes ancestrales. Effectivement, il serait question de désurbaniser les littoraux en s’inspirant des anciens plans d’urbanisme. Par exemple, le concept de « cordon dunaire » existait jadis, dont le respect permettait de ne pas empiéter sur les dunes protégeant les terres. En cas de submersion, même les premières habitations étaient épargnées.

Néanmoins, la notion de désurbanisation est synonyme de rendre les espaces à la Nature. Quel gouvernement, quel élu pourrait oser réaménager ces zones où de nombreuses constructions sont déjà présentes ? Ainsi, ce projet défendu par Emmanuel Garnier relève malheureusement de l’utopie.