À la rencontre de l’USS Johnston, perdu dans les abysses

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Crédits : Caladan Oceanic

Une équipe d’explorateurs s’est aventurée à plus de 6 400 mètres de profondeur pour appréhender l’USS Johnston, un destroyer de la marine américaine coulé par les Japonais pendant la Seconde Guerre mondiale.

L’USS Johnston (DD-557) est un destroyer américain de classe Fletcher, nommé d’après le Lieutenant John V. Johnston. Le bâtiment est principalement connu pour sa participation à la défense des porte-avions d’escorte de la VIIe flotte américaine contre les cuirassés et autres croiseurs lourds japonais dans le golfe de Leyte, au cours de la plus grande bataille navale de toute l’histoire.

D’une longueur d’environ 115 mètres, il se présenta finalement au plus grand navire de guerre jamais construit – le cuirassé de la marine impériale japonaise Yamato – le 25 octobre 1944, avant de subir l’attaque de trop et de sombrer, emportant avec lui son équipage.

Son épave ne sera retrouvée qu’en 2019, avant d’être formellement identifiée au printemps 2021. L’équipage de Victor Vescovo, fondateur de la société Caladan Oceanic, avait alors pu filmer, photographier et étudier la dépouille du destroyer au large de l’île de Samar, à plus de 6 400 mètres de profondeur. Dès lors, l’USS Johnston est devenu l’épave militaire la plus profonde jamais retrouvée.

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L’USS Johnston photographié le 27 octobre 1943 à Seattle. Crédits : U.S. Navy

Deux nouvelles plongées

À l’époque, le véhicule télécommandé (ROV) n’avait pas pu atteindre les parties les plus profondes. Il y a quelques semaines, Victor Vescovo et son équipe ont donc financé une autre expédition, piloté son submersible, le DSV Limiting Factor, et opéré deux nouvelles plongées de huit heures.

À 6 456 mètres de profondeur, ils ont étudié et capturé des photos haute définition de la structure, notamment du pont et de la proue, sur laquelle est toujours inscrit le numéro de coque « 557 ». Les explorateurs ont également pu apprécier les tourelles, les deux râteliers à torpilles et d’autres supports d’armes visiblement toujours en place. Aucun reste humain ni aucun vêtement n’a été identifié.

« Nous avons pu voir l’étendue de l’épave et les graves dommages infligés au cours de cette intense bataille opérée en surface », a déclaré Parks Stephenso, ancien lieutenant de l’US Navy et membre de l’équipe d’exploration. « Tous les témoignages rendent hommage à la bravoure de l’équipage et à son absence totale d’hésitation à mener le combat contre l’ennemi, et cette épave nous le prouve aujourd’hui ».

Toutes les données recueillies sur le terrain ne seront pas rendues publiques, mais livrées à l’US Navy (qui en fera ce qu’elle voudra). L’équipage, qui a pris soin de ne pas déranger l’épave, a espoir que toutes ces nouvelles informations seront utiles aux historiens et archivistes. Notez que trois autres navires également coulés lors de la bataille du golfe de Leyte n’ont pas encore été retrouvés.