Les dessins de LĂ©onard de Vinci ont un microbiome unique

de vinci
Crédits : Frontiers in Microbiology

Les chercheurs ont identifié de nouveaux « secrets cachés » dans les peintures de Léonard de Vinci : leur composition microbienne. Des informations uniques permettant de retracer les lieux où ils ont été réalisés et déplacés au cours des siècles.

Il y a 564 ans, le 15 avril 1452, naissait LĂ©onard de Vinci, l’un des plus grands gĂ©nies de l’histoire. Peintre, scientifique, ingĂ©nieur, inventeur, sculpteur, architecte, botaniste, musicien, philosophe ou encore Ă©crivain, ses casquettes Ă©taient nombreuses, si bien que l’homme, encore aujourd’hui, continue de fasciner. Et c’est pourquoi il fait naturellement encore l’objet d’Ă©tude.

Dans le cadre de rĂ©cents travaux, des chercheurs autrichiens et italiens se sont concentrĂ©s sur sept de ces dessins. L’objectif n’Ă©tait pas d’isoler d’Ă©ventuels « croquis cachĂ©s », mais d’analyser leur « microbiome ». Cinq d’entre eux sont actuellement conservĂ©s Ă  la Bibliothèque royale de Turin : Autoritratto, Nudi per la battaglia di Anghiari, Studi delle gambe anteriori di un cavallo, Studi di insetti et Tudi di gambe virili. Les deux derniers sont conservĂ©s Ă  la Bibliothèque corse de Rome. Il s’agit de Uomo della Bitta et de Studio di panneggio per una figura inginocchiata.

Une dominance de bactéries

Un microbiome est essentiellement un ensemble de micro-organismes qui partagent le mĂŞme habitat. Les Ă©tudier permet aux chercheurs d’accĂ©der Ă  une mine d’informations autrement imperceptibles. Pour ce faire, l’Ă©quipe a utilisĂ© une approche gĂ©nomique nommĂ©e sĂ©quençage par nanopores. Concrètement, celle-ci permet d’isoler l’ordre dans lequel les nuclĂ©otides s’enchaĂ®nent sur un fragment d’ADN. De cette manière, les chercheurs ont pu dĂ©terminer quelles espèces de micro-organismes tapissaient ces dessins.

Les rĂ©sultats de ces travaux, publiĂ©s dans la revue Frontiers in Microbiology, ont rĂ©vĂ©lĂ© plusieurs informations. D’une part, tous ces microbiomes Ă©taient dominĂ©s par des bactĂ©ries, avec une proportion moindre de champignons. Or, jusqu’Ă  prĂ©sent, il Ă©tait admis que les seconds constituaient la communautĂ© principale de micro-organismes tapissant les vieux papiers.

de vinci
L’Autoportrait (Autoritratto) de LĂ©onard de Vinci. CrĂ©dits : WikipĂ©dia

Une « signature » unique à chaque dessin

Il en est Ă©galement ressorti que le microbiome de chacun Ă©tait suffisamment unique pour que les chercheurs soient en mesure d’identifier chacune des oeuvres uniquement par leurs micro-organismes distinctifs.

Une forte proportion des bactĂ©ries identifiĂ©es sont « d’origine humaine », confirmant que ces dessins ont Ă©tĂ© manipulĂ©s très souvent, passant entre de nombreuses mains lors de travaux de restauration et d’exposition.  Les chercheurs ont Ă©galement relevĂ© de nombreux fragments d’ADN humains. En revanche, ils ne sauraient dire si, parmi eux, figure une trace du matĂ©riel gĂ©nĂ©tique de LĂ©onard de Vinci.

Les autres rĂ©sidus bactĂ©riens correspondent Ă  des microbiomes d’insectes, de mouches notamment, ce qui est probablement liĂ© Ă  la façon dont les Ĺ“uvres ont Ă©tĂ© stockĂ©es, en particulier après la mort du grand gĂ©nie. Ces nouveaux rĂ©sultats pourront aider les chercheurs Ă  localiser les lieux oĂą ces dessins ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s, ainsi que les lieux par lesquels ils sont passĂ©s au cours de ces derniers siècles.