Des vers prédateurs géants vieux de 518 millions d’années découverts au Groenland

Timorebestia vers champ magnétique
La vi au temps du Cambrien. Crédit : Bob Nicholls

Des scientifiques ont découvert d’anciens vers prédateurs, baptisés Timorebestia, datant d’environ 518 millions d’années dans le nord du Groenland. Également connus sous le nom de chaetognathes, il s’agit d’ancêtres des vers sagittaires actuels, des prédateurs marins chassant le zooplancton.

Explosion de vie

Le Cambrien, une période géologique s’étendant d’environ 541 à 485 millions d’années, est souvent considéré comme une ère cruciale dans l’histoire de la Terre. Il marque en effet l’émergence spectaculaire et la diversification rapide des formes de vie complexes, ce qui explique pourquoi on parle souvent de « révolution cambrienne ».

Les océans cambriens étaient le théâtre d’une floraison d’organismes marins étonnamment variés, allant des trilobites aux éponges, en passant par les mollusques et d’autres formes de vie primitives. Cette période a été également caractérisée par l’évolution des premiers prédateurs, marquant une étape importante dans la complexification des écosystèmes marins.

La découverte récente des vers prédateurs Timorebestia dans le nord du Groenland, datant d’environ 518 millions d’années, offre un aperçu fascinant de la faune marine du Cambrien. Les fossiles ont été fouillés par l’équipe du Dr Jakob Vinther, des écoles des sciences de la Terre et des sciences biologiques de l’Université de Bristol.

Timorebestia koprii vers
Fossile de Timorebesta koprii (à gauche) et le Dr Jakob Vinther pour l’échelle. Crédits : Dr Jakob Vinther

Prédateurs au sommet

La préservation exceptionnelle des fossiles dans le site fossilifère du Cambrien précoce, Sirius Passet Lagerstätte, a permis aux scientifiques d’étudier en détail la morphologie, l’anatomie musculaire, le système digestif et le système nerveux de ces créatures anciennes.

L’examen du système digestif fossilisé de Timorebestia a notamment révélé des détails sur leur position dans la chaîne alimentaire du Cambrien. Des restes d’Isoxys, des arthropodes nageurs courants de l’époque, ont en effet été retrouvés à l’intérieur, indiquant clairement que ces vers géants étaient des prédateurs actifs de la colonne d’eau. Autrement dit, les Timorebestia étaient mobiles, évoluant dans différentes couches de l’eau à la recherche de proies, telles que d’autres organismes marins.

L’analyse anatomique a également mis en évidence des caractéristiques distinctives, telles que de longues antennes et un ensemble impressionnant de mâchoires à l’intérieur de la tête, ce qui distingue les Timorebestia des vers sagittaires contemporains, également connus sous le nom de chaetognathes. Contrairement à ces derniers, dont les mâchoires sont situées à l’extérieur, les Timorebestia présentaient une structure unique à l’intérieur de leur tête.

Timorebestia koprii vers
Timorebestia koprii et ses longues antennes distinctives. Il s’agit du plus grand spécimen connu mesurant près de 30 centimètres. Crédits : Dr Jakob Vinther

La conservation exceptionnelle des fossiles a donc permis aux scientifiques de reconstruire certains détails anatomiques avec une grande précision, offrant ainsi un aperçu rare des adaptations évolutives de ces prédateurs cambriens.

En conclusion, la découverte des fossiles de Timorebestia au Groenland offre un aperçu fascinant de la vie marine il y a 518 millions d’années, durant l’explosion cambrienne. Ces prédateurs géants, dotés d’une morphologie unique et adaptés à la chasse dans les océans primitifs, enrichissent notre compréhension des dynamiques écologiques et des chaînes alimentaires de cette période cruciale. Grâce à la conservation exceptionnelle des fossiles, les scientifiques ont pu reconstituer l’anatomie et le mode de vie de ces créatures, contribuant à mieux comprendre l’évolution des écosystèmes marins. Ces recherches soulignent à quel point le Cambrien fut un tournant dans l’histoire de la vie sur Terre.

Les détails de l’étude sont publiés dans Science Advances.