in

Des tubes de lave sur Mars et la Lune pourraient ĂȘtre des « abris naturels » pour les futurs explorateurs

tunnel de lave mars
Un tunnel de lave retrouvé dans la Valentine Cave, en Californie. Crédits : Dave Bunnell/wikipédia

Les tunnels de lave pourraient un jour permettre Ă  l’Homme de s’établir durablement dans les sous-sols de la Lune, mais aussi de Mars. Des chercheurs ont d’ailleurs isolĂ© un site prometteur, situĂ© prĂšs de l’Ă©quateur de la planĂšte rouge.

Mars n’est pas aussi accueillante que la Terre. Il y fait trĂšs froid, trĂšs sec, et l’atmosphĂšre est en majoritĂ© composĂ©e de dioxyde de carbone (96 %). La planĂšte rouge, dĂ©pouillĂ©e de son champ magnĂ©tique il y a plusieurs milliards d’annĂ©es, est Ă©galement baignĂ©e de rayonnement solaire et autres rayons cosmiques susceptibles de « casser » notre ADN, entraĂźnant alors la formation de cancers et de malformations gĂ©nĂ©tiques. Parmi tous les dĂ©fis qui nous attendent, en vue d’une future exploration, ce dernier point sera sans doute le plus difficile Ă  rĂ©soudre.

L’option des tubes de lave

Dans cet esprit, la NASA, l’ESA et d’autres agences spatiales explorent depuis de nombreuses annĂ©es la possibilitĂ© de s’établir Ă  l’intĂ©rieur de gigantesques tubes de lave sur la Lune.

Ces structures se forment par des coulĂ©es volcaniques refroidies en surface, constituant alors une croĂ»te solide, mais dont le coeur est restĂ© fluide, permettant ainsi Ă  la lave de continuer Ă  s’écouler. Une fois que la lave disparaĂźt, une cavitĂ© en forme de galerie apparaĂźt alors.

Nous savons que leurs toits Ă©pais permettraient une protection naturelle contre le rayonnement cosmique, les impacts de mĂ©tĂ©orites et les fluctuations de tempĂ©ratures. Ces canaux souterrains, une fois scellĂ©s, pourraient Ă©galement ĂȘtre pressurisĂ©s pour crĂ©er un environnement respirable.

Ces tunnels pourraient Ă©galement se retrouver sur Mars. Mais oĂč ? Des indices laissent Ă  penser que certaines de ces structures pourraient se cacher au nord-est de Hellas Planitia, un bassin d’impact d’environ 2 200 km de diamĂštre et 9 500 m de profondeur situĂ© dans l’hĂ©misphĂšre sud de la planĂšte. Ces soupçons ont rĂ©cemment fait l’objet d’une Ă©tude acceptĂ©e pour publication dans le Journal de la Washington Academy of Sciences (et disponible sur arXiv).

mars
Crédits : Aynur_zakirov / Pixabay

Un véritable effet protecteur

La solution Hellas Planitia offre Ă  elle seule de nombreux avantages : plusieurs sondes ont en effet montrĂ© que les environnements de rayonnement les plus exposĂ©s sur Mars se trouvent aux pĂŽles. Or, ce bassin se situe prĂšs de l’Ă©quateur.

En outre, de tous les environnements martiens, ce cratĂšre d’impact est l’un des plus profonds. Cela signifie que l’atmosphĂšre qui le baigne est plus Ă©paisse. Les rayons cosmiques sont ainsi davantage filtrĂ©s. Selon les chercheurs, les explorateurs Ă©voluant dans le bassin pourraient en effet s’attendre Ă  absorber environ 342 microsieverts par jour (une unitĂ© d’exposition aux radiations), contre 547 ÎŒSv / jour Ă  des altitudes plus Ă©levĂ©es.

C’est un dĂ©but, mais ces doses restent encore 25% plus Ă©levĂ©es que ce que les astronautes Ă  bord de l’ISS absorbent chaque jour. Et dans la station, les sĂ©jours ne durent pas plus de quelques mois, tandis que les explorateurs martiens pourraient passer des annĂ©es sur la planĂšte rouge. C’est alors que l’option « tunnel de lave » entre en jeu.

Dans le cadre de ces travaux, les chercheurs ont visité des structures similaires retrouvées dans le sud-ouest américain pour tester le degré de protection de ces tubes de lave contre les radiations.

Comparant les mesures de rayonnement Ă  l’intĂ©rieur et Ă  l’extĂ©rieur du tube Mojave Aiken (Californie), de la Lava River Cave (Arizona), et du Big Skyligh (Nouveau-Mexique), ils ont enregistrĂ© un effet protecteur significatif. En extrapolant leurs rĂ©sultats pour les faire correspondre Ă  l’environnement martien, ils ont calculĂ© qu’en Ă©voluant dans l’un des tubes de lave du bassin d’impact, les explorateurs pourraient n’absorber qu’environ 61 ÎŒSv / jour de radiations.

mars
Mosaïque de photographies de Hellas Planitia prises par les orbiteurs Viking. Crédits : Nasa

D’autres options Ă  l’Ă©tude

Ces travaux ne sont bien Ă©videmment que prĂ©liminaires. Si l’option des tunnels de lave est effectivement intĂ©ressante, d’autres recherches seront nĂ©cessaires pour nous assurer de leur prĂ©sence. AprĂšs quoi nous pourrons Ă©valuer leur vĂ©ritable potentiel.

D’autres types d’habitats sont Ă©galement considĂ©rĂ©s par les agences spatiales. En 2018, une Ă©quipe de chercheurs suisses de l’École polytechnique fĂ©dĂ©rale de Lausanne (EPFL) a par exemple dĂ©voilĂ© un concept d’igloo gĂ©ant de 12,5 mĂštres de haut pour 5 mĂštres de large, dont la structure, faite de fibres de polyĂ©thylĂšne, serait elle-mĂȘme protĂ©gĂ©e par trois mĂštres de glace. De quoi, encore une fois, protĂ©ger les occupants du rayonnement solaire.

Plus rĂ©cemment, l’entreprise AI SpaceFactory a de son cĂŽtĂ© proposĂ© des structures hautes et verticales baptisĂ©es « Marsha ». Ces derniĂšres seraient fabriquĂ©es Ă  partir de fibres de basalte (une roche que l’on trouve sur Mars) qui, lors des phases de test, se sont rĂ©vĂ©lĂ©es particuliĂšrement rĂ©sistantes et capables elles aussi de stopper les rayons cosmiques.

Source

Brice Louvet, expert espace et sciences

Rédigé par Brice Louvet, expert espace et sciences

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis prÚs d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.