Une supernova voisine, qui a explosĂ© il y a environ 2,5 millions dâannĂ©es, pourrait avoir entraĂźnĂ© un Ă©puisement Ă©chelonnĂ© de la couche dâozone terrestre, altĂ©rant considĂ©rablement les chances de survie des espĂšces vivant sur la planĂšte.
Il y a 2,5 millions dâannĂ©es, la Terre changeait radicalement. Le PliocĂšne, une Ă©poque chaude et douce, se terminait pour laisser la place au PlĂ©istocĂšne, une Ăšre de glaciation. Les variations naturelles de lâorbite et de lâoscillation de la Terre expliquent probablement ce changement climatique, mais lâapparition simultanĂ©e dâune supernova pourrait fournir un aperçu de la diversification de la vie Ă cette Ă©poque. On pense que celle-ci sâest produite Ă une distance comprise entre 163 et 326 annĂ©es-lumiĂšre de la Terre. Pour fournir un ordre dâidĂ©e, notre voisin stellaire le plus proche – Proxima Centauri – est Ă 4,2 annĂ©es-lumiĂšre.
Nous savons que des supernovae peuvent stĂ©riliser toutes les planĂštes habitĂ©es voisines qui se trouvent sur le chemin de leur rayonnement ionisant nocif. De telles explosions pourraient-elles alors avoir fait des ravages sur la biologie de notre planĂšteâ? Un chercheur a voulu connaĂźtre la rĂ©ponse. Brian Thomas, astrophysicien Ă lâUniversitĂ© de Washburn au Kansas (Ătats-Unis), a modĂ©lisĂ© diffĂ©rents impacts biologiques Ă la surface de la Terre. Pour ce faire, il sâest appuyĂ© sur des preuves gĂ©ologiques de la prĂ©sence rapprochĂ©e de supernovae il y a 2,5 millions et 8 millions dâannĂ©es. Dans son dernier article, le chercheur Ă©tudie donc les rayons cosmiques provenant de ces derniĂšres – qui se propageaient de lâatmosphĂšre jusquâĂ la surface de la Terre – pour comprendre leurs effets sur les organismes vivants.
Si lâon se penche sur les archives fossiles de la limite PliocĂšne-PlĂ©istocĂšne (il y a 2,5 millions dâannĂ©es), on y observe un changement spectaculaire dans la couverture terrestre Ă lâĂ©chelle mondiale. «âIl y a eu des changements, surtout en Afrique, note le chercheur, avec lâapparition des prairiesâ». Pendant ce temps, lâenregistrement gĂ©ologique montre une concentration globale Ă©levĂ©e de fer-60 (60 Fe), qui est un isotope radioactif produit pendant une supernova. Concernant les espĂšces, bien quâil nây ait pas eu dâextinctions de masse majeures, les chercheurs observent un taux dâextinction en gĂ©nĂ©ral plus Ă©levĂ© Ă cette Ă©poque, plus de spĂ©ciation et un changement de vĂ©gĂ©tation.
Comment une supernova proche pourrait-elle alors affecter la vie sur Terreâ? La rĂ©ponse rĂ©side dans lâatmosphĂšre. La couche dâozone protĂšge la vie des rayonnements ultraviolets (UV) nocifs. En explosant, une supernova propulse alors dans lâespace des rayons cosmiques nĂ©fastes, qui pour certains viendront percuter lâatmosphĂšre terrestre. Celle-ci se retrouve alors altĂ©rĂ©e : «âLe milieu intergalactique agit comme une sorte de tamis, ralentissant lâarrivĂ©e des rayons cosmiques et de la âpluie de fer radioactiveâ (60 Fe) sur des centaines de milliers dâannĂ©esâ», explique le chercheur.
Selon les modĂšles de Brian Thomas, lâozone dans notre atmosphĂšre se serait alors progressivement Ă©puisĂ©, atteignant un pic environ 300 ans aprĂšs que les particules aient touchĂ© la Terre pour la premiĂšre fois. Sans ozone, la lumiĂšre ultraviolette atteint la surface de la Terre, et selon les calculs du chercheur, son irradiance aurait augmentĂ© dâun facteur de 1,1 Ă 2,8. «âCe nâest pas nĂ©cessairement le genre de chose qui provoquerait une extinction massive, mais avec suffisamment de temps – et nous parlons dâeffets qui durent des centaines ou des milliers dâannĂ©es – les dommages Ă lâADN causĂ©s aux diverses formes de vie sur la planĂšte pourraient hypothĂ©tiquement endommager les perspectives de survie de diverses espĂšcesâ», explique-t-il.
Vous retrouverez tous les détails de cette étude dans la revue Astrobiology.
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