Des spermatozoïdes congelés pourraient-ils survivre sur Mars ?

Les flagelles de spermatozoïdes contiendraient des "ressorts élastique" qui leur confère du mouvement / Crédits University of York

L’avenir de la conquête spatiale appartient-il aux femmes ? De nouvelles recherches suggèrent que des spermatozoïdes congelés peuvent rester viables après une exposition à des conditions de microgravité similaires à celles de l’espace.

En cas d’installation permanente sur Mars, un jour peut-être, les astronautes femmes pourraient-elles se reproduire sans avoir besoin des hommes ? Possible. On est encore loin de se poser franchement la question. À des années-lumière même. Mais une récente étude nous met tout de même le pied à l’étrier. De nouveaux travaux ont en effet relevé que des échantillons congelés de spermatozoïdes exposés à la microgravité conservaient des caractéristiques similaires à celles des échantillons de sperme conservés au sol. On imagine alors, dans le futur, une sorte de banque de sperme nous permettant de nous reproduire dans l’espace.

Reproduction artificielle

Car pour « coloniser » l’espace, l’Homme a besoin (comme sur Terre) de mettre en place plusieurs générations. Mais se pose alors le problème de la conception. Les relations sexuelles dans l’espace paraissent en effet difficiles et dangereuses. Pour des raisons mécaniques, d’une part (faire avec la troisième loi de Newton). Mais aussi à cause des conditions extérieures telles que la microgravité, ou le rayonnement cosmique, Menaces qui ne seront bien évidemment pas sans dangers pour les embryons en développement.

C’est pourquoi, lorsqu’il est question de suggérer plusieurs générations, les chercheurs ont tendance à penser « reproduction artificielle ». En ce sens, des études commencent à être menées. La dernière en date visait à évaluer la réponse de spermatozoïdes dans un environnement de microgravité. «De nombreuses études ont été publiées sur le modèle animal et d’autres tissus et cellules chez l’Homme, mais les effets des différents environnements gravitationnels sur les gamètes, les œufs et les embryons sont mal connus», explique Montserrat Boada, directeur d’un laboratoire d’embryologie à Barcelone.

Des spermatozoïdes encore viables

Pour ces travaux, les chercheurs ont prélevé et congelé des échantillons de sperme de 10 volontaires en bonne santé. Les semences ont ensuite été « attachées » à un avion de voltige qui, grâce à plusieurs manœuvres, a permis d’exposer les échantillons à des conditions de gravitation allant de la microgravité rencontrée dans l’espace à des forces gravitationnelles deux à trois fois supérieures à celles rencontrées sur Terre.

Après ces opérations de voltige, les chercheurs ont décongelé les échantillons et comparé le sperme à des échantillons de contrôle restés au sol. Après analyses, il est alors ressorti que les spermatozoïdes « envoyés en l’air » étaient tout aussi viables que les autres. «Il semble que les échantillons de sperme humain congelés ne soient pas altérés après une exposition à la microgravité», confirme le chercheur.

ovule spermatozoïdes
lllustration de spermatozoïdes humains faisant la course pour féconder un ovule.
Crédits : Maria Mellor/Flickr – domaine public

La conquête spatiale appartient aux femmes

Si ces résultats sont en soi encourageants, ils sont encore très loin d’être définitifs. Les effets de la microgravité ne sont en effet que l’un des nombreux obstacles à franchir avant ne serait-ce que d’imaginer une reproduction humaine sécurisée dans l’espace. Toujours est-il que, sur le papier, il est possible que l’avenir de la colonisation spatiale appartienne aux femmes. Si les astronautes hommes et femmes sont d’égales compétences, les premières auraient néanmoins le pouvoir de perpétuer notre espèce au-delà de la Terre.

Un constat qui renvoie d’ailleurs aux dires d’Helen Sharman, la première astronaute britannique. La jeune femme avait en effet déclaré en 2017 qu’il y avait eu un rapport non publié de la NASA explorant les désirs sexuels des membres d’équipage lors de missions potentielles sur Mars. Le rapport aurait, selon elle, recommandé des équipages du même sexe. Soit que des hommes, soit uniquement des femmes donc, dans le but de favoriser la cohésion d’équipe.

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